AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de beatriceferon


Passionnée de lecture, Catherine fréquente assidûment la bibliothèque. Parfois, elle a la surprise de découvrir, oubliés dans ses emprunts, des marque-pages insolites, comme « une feuille de papier toilette pliée en deux » ou un « aimant tout plat représentant un lémurien », qu'elle a gardé et collé sur le frigo. Mais elle ne s'attendait pas à « Jean-Philippe 514 555-2062. Appelle quand tu veux. » Que faire ? Tentée, elle hésite malgré tout. Les bourreaux des coeurs qui piétinent le vôtre, merci, elle a déjà donné. Alors. Appellera ? Appellera pas ?
C'est un jour de fin d'hiver gris et triste, comme on en connaît si souvent chez nous. J'ai bien besoin de me remonter un peu le moral. En furetant à la librairie, je suis attirée par ce titre farfelu qui donne envie de rire. Et ce perroquet aux couleurs vives, perché sur une tasse à thé semblable à une forêt tropicale, dont déborde une luxuriance de plantes vertes, fait agréablement oublier le ciel plombé et les températures polaires. Je parcours l'incipit qui pique ma curiosité. Ce livre me promet de belles heures de gaieté et d'insouciance. Malheureusement, je vais vite déchanter.
Catherine, la narratrice, a connu une cuisante déconvenue amoureuse, ce qui explique, peut-être, la vision peu engageante qu'elle a d'elle-même : « je charrie soucis et cellulite », « les miens (cheveux) ressemblent (…) à des queues de rats. » Mais quand même. C'est elle l'héroïne, non ? Donc, elle nous fait comprendre de façon appuyée que toutes ces critiques, il ne faut pas les prendre pour argent comptant. Vous y aviez cru ? Allons. C'était une blague ! C'est son ex qui est débile d'être allé ailleurs chercher mieux. En fait, elle est canon, une vraie bombe. « C'est Victor qui m'ouvrit (...)très surpris par la Catherine blonde aux cheveux courts (…) Je pense qu'il trouvait cela super beau. » « Immédiatement, je me trouve magnifique et suis persuadée que tout le monde (…) me regarde du coin de l'oeil en bavant. »
Si ce côté pimbêche m'a énervée, j'ai bien aimé, en revanche, la manière dont elle remplit son rôle d'enseignante. Elle ne se laisse marcher sur les pieds ni par les parents, ni par la direction et déteste l'injustice. Madame Maurice, qui a le bras long et se croit tout permis, lui enjoint de changer le binôme de sa fille. En effet, sa condisciple suit une chimiothérapie, et donc, « le travail que demande cette recherche sera sans doute plus assuré par ma fille que par Laurence ». A quoi Catherine répond vertement : « Laurence doit effectivement s'absenter régulièrement à cause de sa leucémie (...) Cela ne fait pas d'elle une paresseuse, juste une enfant pour qui les mots "hôpital, docteur, traitement, rémission, maladie et médicaments" font partie du quotidien, alors que ses uniques préoccupations devraient être de ramener de bonnes notes, de jouer avec ses amis et de ranger sa chambre. Ça, c'est une injustice. Ça, ça suscite l'incompréhension. » Mais je ne la suis pas lorsqu'elle poursuit par des insultes : « Qu'avez-vous donc à la place du coeur ? Une grosse boule de neige ? Ou peut-être du caca, tout simplement. »
Je suis outrée lorsqu'elle décide d'envoyer une lettre anonyme pour avertir une femme qu'elle apprécie des infidélités de son mari. Elle se rend compte, mais un peu tard, des conséquences de son acte. N'a-t-elle jamais appris à ses élèves qu'il faut réfléchir avant d'agir ? Ah oui, c'est vrai. Elle, elle aime mieux donner des conseils que de les suivre elle-même.
Elle apprécie les chats et la lecture. Deux bons points pour elle. Cela devrait me la rendre proche. Et pourtant, je ne peux m'attacher à elle, si agaçante et horripilante, la majeure partie du temps.
Le livre est rempli de scènes de sexe crues et choquantes, comme celle du sex-shop. Elles n'apportent rien à l'histoire et ne sont là (enfin, c'est ce que je pense) que pour faire vendre le bouquin en surfant sur la vague de l'érotisme à la mode.
Ce qui m'a le plus déplu, ce sont les nombreuses invraisemblances. Ainsi, je ne comprends pas comment, en quelques minutes à peine, elle peut briser, de façon irrémédiable, une amitié qui dure depuis de longues années. Sa copine Bénédicte a toujours écouté ses doléances avec patience et y a compati. Quand, à son tour, elle ose se plaindre, Catherine lui jette à la figure qu'il ne s'agit que d'un « petit problème de merde ». C'est la fin d'une belle complicité.
Je trouve tiré par les cheveux le quiproquo autour du billet découvert dans le roman de Françoise Sagan. D'emblée, Jean-Philippe assure qu'il n'en est pas l'auteur. Mais, au lieu de le lui montrer, Catherine devra se lancer dans une enquête des plus alambiquées et loufoques pour en arriver aux mêmes conclusions.
Enfin, je ne connais pas les règles du système enseignant à Montréal. Mais cela m'étonnerait quand même qu'une mère d'élève, quel que soit son réseau d'influence, puisse obtenir le renvoi pur et simple, sans autre forme de procès, d'un professeur dont tout le monde reconnaît les qualités pédagogiques.
En fin de compte, je me suis très peu amusée. Je me suis souvent ennuyée. Et je me suis beaucoup énervée. Bref, je n'ai pas aimé.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}