À cette époque, les prêtresses telles que moi, n'étaient pasi rares. Vous me direz, avec raison, pour l'heure, je suis unique, difficile de faire moins. Enfin... Comme dans toutes sociétés, il y avait des lois, certaines s'adressant spécifiquement à elles. C'est un peu compliqué et, pour être honnête, je ne suis pas certaine d'avoir encore tout assimilé, mais une idée géniale demeure. Il leur était interdit sous peine de sanction sévère, d'abuser de leurs dons. Elles étaient des guides et des protectrices. Elles usaient de leurs capacités pour faciliter la vie de tous au quotidien.
... J'avais envie de pleurer, de hurler, de leur rappeler à tous que je n'avais que dix-sept ans. Je n'avais jamais voulu ça ! Je voulais retourner chez mon grand-père, retrouver mon innocence, ma vie ! Leur loyauté et leur adoration me pesaient autant que leur mépris et leur haine. Que n'aurais-je donné pour un peu d'ignorance ! Pour cela, encore aurait-il fallu que je restasse cachée à ne me mêler de rien. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais plus.
_ David... Vous ne savez rien de moi...
Il s'arrêta brusquement, se retourna vers moi et me toisa.
_ Dites-moi.. ."Catherine", pour vous, suis-je un outil, un jouet dont vous êtes heureuse de pouvoir user à votre guise ?
_ Non.
Son attitude écrasante céda la place à un grand sourire arrogant
_ J'en sais suffisamment. Vous vous souciez des autres. Vous avez risqué votre vie pour sauver des innocentes. Qu'importe si vous manquez d'expérience ou de confiance, ce mal se soigne avec les ans. Qu'importe que vous soyez colérique, orgueilleuse, débauchée, une peste ou une sainte. Jouez à la victime ou à l'héroïne, ayez bon ou mauvais caractère. Je m'en moque. J'apprendrai à vous connaître. Vous m'avez déjà assez montré de vous pour que je sache avoir largement gagné au change, ma reine.
Sous une épaisse couche de convoitise et d'aveuglement, ses intentions n'étaient pas mauvaises. Il croyait sincèrement avoir raison, agir pour le bien commun et que mes plans étaient voués à l'échec. C'était là le plus gros souci.
... Je les entendais chaque jour, à chaque heure de chaque jour. Ça n'avait d'abord été que de rares voix. Elles avaient donné naissance à des étincelles parmi les doutes et les craintes. Le feu s'était répandu. Il s'était embrasé. Jusqu'à parvenir à cela, un brasier prêt à me consumer.
Pourquoi ne comprenaient-elles pas, ne voyaient-elles pas ? J'avais accompli l'impossible pour elles et en dépit leur envie de me cracher au visage,je restais pour les protéger !
... J'avais préparé la potion d'Amélia à l'abri des regards, puis avais passé un peu de temps en sa compagnie.
Je culpabilisais. Sans moi, elle n'aurait pas eu à subir tout cela. Elle avait eu de la chance d'y survivre. Évidemment, elle ne voyait pas les choses ainsi. Elle m'avait protégée. Elle avait vu du pays, fait un voyage. Elle en était fière ! Elle rejetait tous les aspects négatifs, la prison, la peur, l'angoisse.