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Critique de Skouratof


Le livre de Pierre Chaillot, "Covid 19, ce que révèlent les chiffres", est nul : il ne fait que s'appuyer sur les chiffres officiels, ceux qu'on nous rabâche depuis maintenant trois ans.
Le livre de Pierre Chaillot est génial : il ne fait que s'appuyer sur les chiffres officiels, "récupérés", rappelle l'épidémiologiste Laurent Toubiana dans sa très belle postface , "dans les coins sombres et les plus reculés de bases de données certes ouvertes mais qui, dans la pratique, restent inaccessibles au commun des mortels par définition inadaptés à ce type d'approche".
Un exemple, pour vous donner une idée de l'incroyable travail qu'a mené l'auteur et de la méthode employée. Soit la note publiée en mars 2021 par l'INSEE , et qui apportait pour la première fois un bilan de la mortalité de 2020 en France. Vous en avez tous entendu parler. Elle s'intitule "2020 : une hausse des décès inédite depuis 70 ans".
Les premières phrases du rapport ont été martelées par tous les médias dans vos oreilles :
"En raison de l'épidémie de Covid-19, la mortalité a été exceptionnelle en 2020 avec près de 669 000 décès toutes causes confondues, soit 56 000 décès de plus qu'en 2019 (+ 9 %). Une telle hausse de la mortalité n'a pas été enregistrée en France depuis 70 ans. Cette hausse est notamment très supérieure à celle observée lors des épisodes grippaux et caniculaires sévères des années précédentes."
Voici le lien vers l'étude : https://www.insee.fr/fr/statistiques/5347349
Et voici les données brutes qui ont servi à l'étude, fournies sur la même page du site de l'INSEE dans un fichier qui s'appelle tout simplement "gwFYxSSi.xlsx.part." : https://docs.google.com/.../1dBZsa.../edit...
Répondez maintenant à cette question : ce qu'affirme l'INSEE dans son rapport est-il vrai et pertinent ? Vous avez deux heures. Ou plutôt non : autant de temps que vous voulez.
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Bravo. Vous avez été incapable, comme moi, de faire ce travail de vérification, parce que vous n'êtes pas statisticien et que vous ne maîtrisez pas les outils et méthodes de cette discipline, mais vous avez en revanche maintenant compris l'inestimable travail de chien, de chien qui aboie quand il flaire le danger, qu'a accompli Pierre Chaillot ces trois dernières années juste pour comprendre ce qui se passait, et vérifier si ce qu'on nous racontait à partir des chiffres était vrai ou faux et dans quelle mesure.
A ce stade, il faut préciser à qui on a affaire. Il a une tête de premier de la classe et il l'a sans doute été. Diplômé de l'École Nationale de la statistique et de l'Analyse de l'Information, âgé de 37 ans, Pierre Chaillot est aujourd'hui Directeur de projet "Data intelligence" pour le Conseil Régional des Pays de la Loire. Auparavant, il a été notamment durant neuf ans (de 2015 à 2019) chef de division études pour la susmentionnée INSEE, institut pour laquelle il a initié, produit ou encadré de nombreux rapports portant sur des thématiques aussi diverses que l'urbanisme, l'économie, l'égalité salariale hommes-femmes ou encore la création d'indicateurs de pauvreté.
Depuis 5 ans, il anime une chaîne Youtube, "Décoder l'éco", sur laquelle il vulgarise et critique la manière dont sont construits des indicateurs ou des concepts comme la croissance, la dette, le chômage ou encore la démographie.
Lorsque le confinement est déclaré en mars 2020, il commence à faire des vidéos sur le COVID.
On redonne la parole à l'épidémiologiste Laurent Toubiana qui, comme il le raconte dans la postface, l'a découvert à cette occasion : "Le gars (...) faisait montre d'un redoutable savoir-faire en matière de traitement de l'information et d'une expertise non dissimulée en terme d'analyses qui me laissait pantois.(...) Il s'attaquait comme un rouleau compresseur à toutes les données disponibles et un beau jour, il sort une vidéo sur les données de mortalité. Là, c'était trop ! Avec un autre collègue (Laurent Mucchielli), nous l'avons contacté."
Ce que venait de montrer Pierre Chaillot, c'est que la fameuse étude de l'INSEE, celle sur laquelle vous n'avez pas planché, est extrêmement fallacieuse.
Oui, il y a bien eu 70.000 morts en plus en 2020, par rapport à 2019. En nombre ABSOLU. Mais présenter les chiffres de cette manière n'a statistiquement aucun sens et l'INSEE ne peut pas ne pas le savoir. En effet, la population française n'est jamais la même d'une année à l'autre. Elle connait d'abord depuis une décennie un vieillissement constant, avec l'arrivée massive de la génération "baby-boom" (née après la Seconde guerre mondiale) aux âges avancés où l'on meurent plus, et la mortalité connaît un phénomène cyclique connu, l'effet "moisson", qui fait que tous les trois ans environs, les personnes les plus fragiles qui ne sont pas décédées les années précédentes, connaissent une hausse brutale de décès, souvent à l'occasion d'évènements bien déterminés (canicule en été, hiver plus rigoureux, saison grippale plus marquée, etc.).
La seule façon de déterminer si un phénomène (ici, le COVID), a eu un effet sur la mortalité, est de calculer, pour l'année 2020, le taux de mortalité toutes causes confondues, par tranches d'âges c'est mieux, et comparer ces chiffres, non pas seulement par rapport à ceux de 2019, mais aussi à ceux des années précédentes (par exemple de 2010 à 2020). Et pour comparer des choses comparables, il faut travailler sur des populations "standardisées", c'est-à-dire appliquer des calculs qui feront "comme si" elles avaient le même nombre de personnes, à la fois au total et dans chaque catégorie d'âge.
Ce mode de calcul est parfaitement reconnu par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ou Eurostat, et c'est cette méthode qu'a utilisée Pierre Chaillot. On vous raconte pas le boulot. Heureusement, Dieu a créé les logiciels et l'INSEE met à disposition ses données.
Résultat : biais de vieillissement et de taille de population maîtrisés par cette méthode de calcul neutre, il s'avère, nous démontre l'auteur, que "la mortalité de 2020 est au niveau de celle de l'année 2015. 2020 est la septième année la moins mortelle de toute l'histoire de la France. La mortalité de 2021 est au niveau de celle de 2018, soit la troisième année la moins mortelle de toutes l'histoire de France."
Ce qui est constaté en France l'est largement aussi en Europe : "Sur les 35 pays que nous avons étudiés (...), représentant 800 millions d'habitants, l'année 2020 présente une mortalité haute relativement à la dernière décennie pour sept d'entre eux seulement, telle que la Belgique et l'Espagne. Dans ces pays, la mortalité de 2020 reste cependant inférieure à celle de n'importe quelle année avant 2009.".
UN REQUISITOIRE PAR LES CHIFFRES
Diable ! Mais que s'est-il passé, s'il ne s'est rien passé de particulier en 2020 ?
C'est simple : on a paniqué et fait absolument n'importe quoi.
Le déclenchement du plan ORSAN REB, le 14 février 2020, en renvoyant tout "cas COVID" sur 38, puis 108, puis enfin presque tous les hôpitaux, mais dans des services dédiés, a complètement désorganisé les hôpitaux et mis hors circuit tous les médecins libéraux qui auraient dû évidement être en première ligne.
Au passage, ce fiasco a été pointé dans un rapport sénatorial publié en décembre 2020 : http://www.senat.fr/rap/r20-199-1/r20-199-14.html .
Là encore, Pierre Chaillot reprend des chiffres officiels, déjà rendus publics, comme ceux des rapports de l'ATIH (Agence Technique sur l'Information Hospitalière), sortis en octobre 2021. Les 217.974 patients accueillis pour COVID n'ont représenté que 2% de l'activité hospitalière de l'année 2020, et 1,3% des séjours, la part variant de entre 0 et 7,5% selon les mois. Mais l'activité hospitalière d'avril 2020 (au plus fort du premier confinement) n'a atteint que la moitié du niveau d'un mois d'avril normal.
"Mais les réanimations ?", rétorquera-t-on, "elles étaient bien saturées, non ? On nous l'a bien dit ! On l'a bien vu à la télé ! Et les soignants n'ont pas rêvé !".
Oui, les soins en "réanimation" ont bien augmenté en 2020 : +10,5% de jours en plus (+9% en mars et +12% en novembre), le nombre de lits étant même passé de 5.080 en mars à 10.133 au plus forts, le 15 mai.
Sauf que, là encore les chiffres sont têtus : dans les faits, l'augmentation de ces lits est le fruit de transferts entre services (soins continus surtout ou soins intensifs, reconvertis en lits de réanimation). Au total, 45.732 patients ont été admis dans l'un de ces services, rassemblés sous l'étiquette commune de "soins critiques", inventée à l'occasion de la crise, et qui a été largement été confondue, plus ou moins sciemment, avec celle de "réanimation".
Les patients COVID n'ont représenté que 5% (et 8% des journées) de ces "soins critiques". Et au final, le nombre de séjour à l'hôpital avec passage en soins critiques s'est révélé inférieur de 5,9%, par rapport à 2019.
"Et pourtant, il y a eu des morts à l'hôpital ?" Oui. Et même une surmortalité estimée à +7.170, sur la période de mars avril 2020. Mais Pierre Chaillot le souligne : sur cette même période, 50% des patients COVID qui arrivent à l'hôpital vont directement en réanimation, 17% meurent le jour même. A peu près 6.000 dans les trois jours.
Toujours sur cette même période, les statistiques de Médic'AM révèlent une baisse de vente d'antiobiotiques de 40% par rapport à l'anormal. Sur les huit semaines de confinement, Santé Publique France informe qu'on a compté 2.400 AVC et 2.400 crises cardiaques traitées en moins, par rapport à la normale.
On comprend l'image du fiasco depuis longtemps dénoncé, mais qui s'appuie cette fois sur des chiffres incontestables : "Contrairement à l'hypothèse attribuant l'ensemble de la mortalité de mars-avril 2020 à la circulation d'un virus, il apparaît que les mesures prises ont entraîné une totale désorganisation du parcours de soin et sont à l'origine de la hausse de la mortalité hospitalière. L'interdiction de soin précoce par les médecins de ville est directement responsable du chaos qui a suivi."
Au gré des chapitres, les données déterrées et (re)travaillées par Pierre Chaillot révèlent ou rappellent des scandales plus lamentables les uns que les autres :
- Mars-avril 2020, toujours : survente de 1700 boîtes de Rivotril, rien que dans les pharmacies (quid des hôpitaux?), qu'un décret du 28 mars autorise à utiliser pour "abréger la souffrance", c'est-à-dire euthanasier, les personnes âgées qui s'étouffent, faute d'être soignées, rappelons-le. Jusque à la fin du décret, en mars 2021, on comptera ainsi une survente de 8.200 boîtes, soit 48.000 ampoules. Il en faut deux pour tuer.
- Toutes les études et communications qu'on nous brandis, que ce soit par exemple celle d'EPI-PHARE d'octobre 2021 qui affirmait que "la vaccination est efficace à plus de 90% pour réduire les formes graves chez les personnes de plus de 50 ans en France", ou celle de DRESS en novembre 2021 ("Neuf fois plus d'entrées en soins criques parmi les personnes non-vaccinées que parmi celles qui sont complètement vaccinées de 20 ans et plus."), ou encore la mythique modélisation de Neil Ferguson à 940 paramètres, qui annonçait le 12 mars 2020 à Macron "500.000 morts" pour la France en quelques semaines, "si rien n'est fait", toutes ces "études scientifiques", donc, relèvent, au mieux, de constructions bourrées de biais et d'erreurs manifestes, et au pire, de manipulations grossières statistiques destinées à soutenir un message politique visant à entretenir la peur et obtenir l'adhésion à des mesures liberticides injustifiées. Dans tous les cas, ces études ne valent rien. Ou pas grand chose.
ON POURRAIT SAVOIR, SI ON VOULAIT...
Les données ont leurs limites, à savoir : on en manque toujours. Et c'est là l'autre intérêt majeur qu'on retiendra de livre de Pierre Chaillot. On veut savoir, on doit savoir, et on pourrait très simplement savoir. Par exemple : si les vaccins COVID sont efficaces, s'ils sont inoffensifs ou dangereux, s'ils empêchent l'hospitalisation ou la mort, plus que si l'on est pas vacciné.
La question est d'autant plus brûlante que, depuis 2022, on assiste - l'auteur nous le démontre- à une surmortalité toutes causes confondues dans toutes les classes d'âges, et dans presque tous les pays d'Europe. le sujet est tellement explosif qu'aucun média n'en parle, alors que les chiffres sont partout disponibles.
Pour connaître la réponse, il suffirait de disposer des statistiques anonymisées des personnes hospitalisées ou décédées, en fonction de leur statut vaccinal (non-vaccinées, une dose, deux doses, trois doses, ...), avec les dates correspondantes des vaccinations.
Cette demande a été faite par l'épidémiologiste Laurent Toubiana auprès du ministère de la Santé. Faute, de réponse, une pétition a été déposée sur le site e-pétitions du Sénat en février 2022 pour obtenir ces données : rejetée. S'en est suivie une tribune signée par 600 chercheurs, réitérant la demande. Aucune réponse.
La Commission d'accès aux documents administratifs (CADA) a donc été saisie. L'autorité administrative a en effet le pouvoir d'interpeller toute administration au nom d'un citoyen pour exiger un document refusé.
La réponse du ministère de la santé est tombée en novembre 2022 : "Il n'existe aucune statistique relative au statut vaccinal de toutes les personnes décédées, ni aucune statistique relative aux hospitalisations en fonctions du statut vaccinal."
Quoi donc ? Alors d'où viennent vos foutues affirmations qu'on meurent moins et qu'on a moins de formes graves de COVID si l'on est vaccinés ? Si possible plutôt quatre fois qu'une ?
On appelle cela du foutage de gueule. Dès lors, le livre de Pierre Chaillot, "COVID 19, ce que révèlent les chiffres officiels", jette un immense pavé dans la mare.
Tous les éléments qu'il apporte réduisent à néant le narratif des gouvernants et responsables politiques français qui doivent maintenant s'expliquer et répondre des actes et décisions qu'ils ont prises depuis le début de la crise COVID.
Mieux encore : je prédis qu'il faudra sans doute plusieurs années pour réaliser l'immense apport de Pierre Chaillot avec son livre. Si on en mesure la portée des analyses, alors on comprend qu'il est tout a fait envisageable de fonder par exemple une pharmacovigilance active efficace pour évaluer l'efficacité et le degré d'innocuité des vaccins. de même, la piste passionnante qu'il entrouvre, toujours sur la bases de données statistiques, sur le lien majeur qui pourrait exister entre mortalité hivernale et conditions météorologiques, remet profondément en question la nature et la dynamique ce que nous appelons les épidémies.
Je vous en dirais bien plus, mais il faut en garder pour le livre. Qui coûte 22 euros, et dont la totalité des droits d'auteur est reversée à l'association « Où est mon cycle ? ». Un vrai con, ce Chaillot, je vous le dis !
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