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Critique de MagicJoe


Face à la déraison d'état, la justice et la vérité doivent triompher.

Cette simple phrase résume bien mon sentiment après la lecture de ce livre. Maxime Chaix, journaliste, signe ici une enquête qui met en lumière des faits aux implications terribles.

En quelques mots, l'occident associé aux pétromonarchies (sunnites) ont, dans leur volonté de limiter l'influence grandissante de l'axe Iran-Hezbollah-Damas (chiites, dont les intérêts sont bien plus proches de la Russie que de l'occident), financé, entraîné, soutenu et armé les groupes rebelles de la région syrienne depuis 2011. Ces groupes rebelles étaient longtemps une entité "générale" comprenant parmi eux Al-Qaida, Al-Nosra et ceux qui allaient trois ans plus tard proclamer le nouveau califat, Daesh.
Les informations présentées par Maxime Chaix, qui reprend les principaux éléments connus depuis 2011 (interviews, témoignages, documents déclassifiés, etc.), tendent à montrer que les décideurs de action de soutien (opération nommée Timber Sycamore) étaient bien au courant que des milliards de dollars ainsi que des tonnes d'armement acheminés en Syrie tombaient dans les mains de ceux qui venaient dans nos pays commettre des attentats...
Si cela peut sembler incroyable, rappelez-vous l'Afghanistan dans les années 80, l'Amérique du Sud, le Nicaragua, le Venezuela... les précédents historiques sont nombreux.

J'ai lu récemment La fabrication du consentement de Noam Chomsky & Edward Herman, qui donne un éclairage très important pour comprendre les fonctionnements des appareils d'état occidentaux et de leur appareil médiatique.
Ce livre La guerre de l'ombre en Syrie montre clairement que ces mécanismes de désinformation et de "raison d'état" (sic) sont toujours à l'oeuvre et peut-être même plus que jamais.

Dans la forme, ce livre est assez court (198p) avec énormément de notes de bas de page, permettant au lecteur de vérifier les sources de l'auteur concernant le moindre fait rapporté. Un réel gage d'honnêteté intellectuelle. Les sources d'ailleurs, si je ne les ai pas toutes consultées, semblent plutôt solides et bien établies. le livre se lit assez facilement même s'il est assez lourd parfois: répétitions d'un paragraphe à l'autre, citations présentes deux fois... Les nombreuses références sont aussi un frein à une lecture plus fluide mais c'est malheureusement le revers de la médaille (inévitable?) d'un livre journalistique dûment sourcé.

Contrairement à La fabrication du consentement, on voit que l'auteur manque de recul par rapport au sujet traité et beaucoup de questions restent en suspens. L'histoire est encore en cours. Et c'est au final tout l'intérêt de ce livre. Il n'est peut-être pas trop tard pour agir et demander des comptes à nos décideurs, individuellement et collectivement.

Merci à Maxime Chaix de mettre en lumière ce que les citoyens doivent savoir, merci aux éditions Erick Bonnier et à Babelio pour ce livre.

Masse critique non-fiction juin 2019
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