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Critique de Allily


La Kolyma : nom d'un fleuve qui coule en Sibérie, nom également d'une région minière, symbole de la souffrance de millions de personnes victimes de la répression soviétique et envoyées dans des goulags.

Ces victimes étaient pour certaines des détenus de droit commun, les autres étant des « ennemis du peuple » : intellectuels, religieux, koulaks ou toute autre personne ayant eu le tort de faire partie des quotas d'ennemis à trouver et déporter par les autorités locales.

Varlam Chalamov a été déporté durant de longues années pour des motifs politiques. de cette horreur, il va en tirer un récit, témoignage majeur de la vie dans les goulags.

La version poche proposée par les éditions Verdier ne regroupe que 13 « chapitres » du récit fleuve original.

Pour autant, les chapitres sélectionnés permettent d'entrevoir tout le génie de Chalamov pour retranscrire l'indicible.

Il n'est pas le narrateur de son récit mais celui-ci est bien évidemment largement tiré de ses souvenirs. Il apparaît néanmoins ça et là derrière les traits d'une figure apparaissant au fil des pages.

C'est un livre qui n'est pas linéaire. Les chapitres doivent être envisagés comme des instantanés, autant de moments qui viennent illustrer la souffrance, la déchéance.

Varlam Chamalov n'occulte rien, il se livre sans pudeur, pour raconter la faim et la fatigue. L'égoïsme nécessaire à la survie. Cette solitude du prisonnier car, qui sait si votre voisin ne vous dénoncera pas, car mieux vaut être seul que de devoir partager le peu que l'on a. D'autant plus lorsque la hiérarchie des camps vous place tout en bas de l'échelle, là où la faim et la fatigue conduisent à laisser de côté toute fierté ou amour-propre pour survivre encore un peu.

Le récit, son extrait ici, montre outre la portée historique incommensurable du témoignage apportée sur le goulag, une réflexion sur l'écrit. Sur cet homme que Varlam Chalamov était dans le camp et cet homme qu'il est lors de l'écriture de son livre.

Comment trouver une cohérence entre cet homme qui est unique et en même temps plusieurs : celui qui a été dans les camps et celui qui en rédige les souvenirs ?

Cette version « poche », abrégée serait le terme plus exact, permet de se confronter à l'oeuvre de Charlamov pour ceux que les 1515 pages de la version complète rebuteraient.

Pour moi, j'avoue une certaine frustration à l'idée de n'avoir que cette centaine de pages, frustration à laquelle il sera bien évidemment remédié par l'achat de l'ouvrage intégral.
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