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Critique de BurjBabil


Roman se lisant d'un trait.
Le cadre a attiré mon attention : Belle-île...
Et à part la chanson de Laurent Voulzy et les récits de vacances de mon cousin et sa petite famille, je ne connaissais pas... Etonnant...
On se dit : il y a un siècle seulement, voilà le genre de société que nous formions. Cela donnerait presque envie de raser cette île et d'y faire venir des migrants. Bon, je n'emballe (et je provoque, c'est ma nature), ce ne sont plus les mêmes, je suppose qu'il n'y a plus aujourd'hui que des rentiers louant des "oxygènelitetdéjeuner" à d'autre rentiers fabricant des "pointdepouvoir".
On est donc plongé dans une société Bretonne un peu repliée sur elle-même qui s'adonne à un exercice assez commun : détester des boucs-émissaires...
Bien sûr ces derniers sont pauvres, miséreux et ici des gamins. Pour les plus vieux d'entre nous, on retrouve dans nos famille ces histoires d'enfants donnés à garder par d'autres, par impossibilité matérielle ou morale de s'en occuper. Cela paraît surprenant avec un regard moderne mais c'était pourtant monnaie courante dans la partie la moins favorisée de la population française.
Ici, c'est presque le bout du chemin, la "maison de redressement" des torts, dont le pire est celui d'être pauvre et de ne pas l'accepter avec la courtoisie exigée par la bonne société.
Le bout du chemin : la mort, le bagne, le vrai... Aucune sortie "par le haut" possible.
Ce roman, de ce point de vue, est assez sombre mais le parti pris de l'auteur permet une immersion très réaliste dans cet univers carcéral déguisé en école de paysannerie et en école navale. Toutes les hypocrisies modernes s'y retrouvent : le paraître plutôt que la réalité, l'image plutôt que la vérité, la médiocrité des médias et leur collusion avec le pouvoir, la bassesse des humains moyens qui hurlent avec les loups (désolé pour eux, ils comprennent bien la notion de victime expiatoire) etc etc... Je crois que ce récit est profondément moderne alors qu'il semble ancré dans le passé.
La meilleure preuve : les croix de feu et la montée du fascisme en Europe, je ne crois pas que ce roman choisisse ce cadre par hasard. Il y a même le pseudo-attentat terroriste visant à faire porter le chapeau aux communistes. Finalement, il est limite « complotiste » ce roman. Chacun sait bien que les attentats « faux-drapeaux » n'existent pas. Enfin, officiellement. Bon, la morale est sauve puisque ce n'est pas l'état qui organise cette tromperie. Un état, jamais !
En face, il crée de véritables héros : le fier Breton à la boussole morale exemplaire, l'infirmière qui se joue de la loi (déjà la très sacralisée « loi de la république ») et qui risque sa vie pour des valeurs qu'elle sait dépasser la médiocrité de cette dernière, le Basque taciturne et le communiste de valeurs.
Bien sûr on peut trouver là une vision embellie et trompeuse de la résistance qui se profile, mais c'est un roman. Et c'est justement la force des romans s'inscrivant dans des cadres historiques de ce genre : nous faire réfléchir au sens de l'engagement, au rapport à la loi, aux situations qui fabriquent des ... résistants.
Un excellent roman.
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