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Critique de ChtiBaboun


J'étais resté sur la lecture de Une joie si féroce et celle-ci ne m'avait pas emportée. Un petit cru dans la biobibliographie de Sorj Chalandon. Rien de grave. Je reviendrais aux livres de Sorj Chalandon.
Et j'y suis revenu avec L Enragé.
Tout est là. J'ai retrouvé l'auteur de le Jour d'avant, Les promesses, le Quatrième mur et Profession du père.
L'humanité, la colère, la violence, la solidarité, l'émotion, la fraternité irriguent le dernier roman de Sorj Chalandon.
l'enragé tire le fil tenu de Profession du père : L'enfance maltraitée, violentée.
Sorj Chalandon s'appuie sur des faits réels : le 27 août 1934 cinquante-six enfants de révoltent et s'échappent de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer.
La chasse aux enfants est ouvertes. Ils seront tous capturés.
Pour son roman Sorj Chalandon décide que l'un d'entre eux , Jules Bonneau, la vingtaine, réussit son évasion.
Jules Bonneau est à la colonie pénitentiaire depuis sept ans. Abandonné par sa mère , violenté par son père, rejeté par ses grands parents, il finira par un être un adolescent vivant de ses larcins. Cela ne durera qu'un temps et son destin le mènera à la colonie de Belle-Île-en-Mer.
Jules Bonneau deviendra La Teigne.
"Je n'ai pas le droit aux sentiments. Les sentiments c'est un océan, tu t'y noies. Pour survivre ici, il faut être en granit. Pas une plainte, pas une larme, pas un cri et aucun regret. Même lorsque tu as peur, même lorsque tu as faim, même lorsque tu as froid, même au seuil de la nuit cellulaire, lorsque la l'obscurité dessine le souvenir de ta mère dans un recoin. Rester droit, sec, nuque raide. N'avoir que des poings au bout de tes bras "
Comment pourrait-il en être autrement.
Les mots de brimades, de vexation, de violence sont insuffisants. Cette colonie pénitentiaire est un déni d'humanité, d'enfance. L'enfant n'a en fait aucune existence. Il est une chose à redresser coûte que coûte.
L'écriture violente et rageuse de Sorj Chalandon ne nous épargne rien et nous met face à cette horreur.
La première partie du roman nous détaille cette barbarie. Pour certains cette partie a pu paraître longue et un peu voyeuriste. Je ne le pense pas. cette partie du roman représente sept années de la vie de Jules et une grosse centaine de pages permet de mettre de la durée alors que les sept ans vont tout de même être traités comme une ellipse.
Face à cette enfance meurtrie, l'auteur nous livre une deuxième partie du roman plus fraternelle. Il existe sur Belle-Île-en-Mer des personnes qui sont prêtes à aider Jules. Néanmoins nous sommes en 1934 et le monde de l'entre guerre est en ébullition. Les croix de Feu, le fascisme, la montée d'Hitler, la guerre d'Espagne ont une répercussion sur le monde de Belle-Île-en-Mer.
Et dans ce monde en ébullition , Jules, enfant meurtri , va devoir se coltiner à l'âme humaine belle ou mauvaise.
Il rencontrera un poète au prénom de Jacques, qui écrira un poème "la chasse à l'enfant ". Il essaiera même dans faire un film.
Ce poème a été appris dans les écoles. Il paraissait anodin.
Pourtant il parlait de l'enfance meurtrie et niée.
Les enfants de Belle-Île-en-Mer ne sont pas des criminels. Juste des enfants qui ont volé des oeufs, du pain, qui sont orphelins ou qui ont été rejeté par leurs parents. Des enfants que l'on veut rendre invisibles.
Ce livre leur apporte respect et dignité.
Belle-Île-en-Mer n'est pas qu'une magnifique île propice à la randonnée et aux vacances.
"Une larme idiote brûlait ma paupière."





Lien : http://auxventsdesmots.fr
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