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Critique de Rodin_Marcel


Chalumeau Laurent – "Un mec sympa" – Grasset/Points, 2010 (ISBN 978-2-7578-1680-6) (1ère éd en 2009)

La lecture de son très bon roman policier le plus récent intitulé "Kif" publié en 2014 (voir recension) m'avait convaincu de me procurer un autre texte de cet auteur, et il se trouva que ce roman-ci avait les honneurs d'un rayonnage chez ma petite libraire favorite (souhaitons longue vie à ces apôtres de la culture, qui exerce un véritable sacerdoce sans que l'on sache bien pour combien de temps encore : il va de soi que le "Leclerc" du coin – installé dans l'une de ces affreuses banlieues standardisée cernant dorénavant toutes les agglomérations des mêmes enseignes désespérantes de laideur – s'est empressé d'ouvrir un hénaurme rayon librairie pour faire crever l'un des derniers commerces encore installé au centre-ville).

Décidément, cet auteur s'avère tout à la fois plaisant et fort intéressant, mélangeant finement des scènes hilarantes avec quelques observations réalistes de la société d'aujourd'hui, tout en maintenant une intrigue à rebondissements qui porte littéralement le lecteur et sa lecture : bravo l'artiste.

Parmi les nombreuses qualités de ce roman, je relève ce personnage de la petite beurette, Nadj, en pleine "ascension sociale" grâce à des études qui peuvent donc encore servir d'ascenseur social (ne désespérons pas de l'Éducation Nationale), ce qui nous vaut des explications aussi brèves que percutantes sur la situation réelle dans les banlieues (voir par exemple le statut des petits caïds dans les cités pp. 107-108), ainsi que, par exemple :
[p. 234 - Manu tente de rattraper une maladresse en s'adressant à Nadj]
"Te vexe pas, il y a pas de mal dans ce que je dis, juste ça peut arriver une femme immigrée de cet âge-là pas alphabétisée
- Absolument. Ma mère par exemple. Poursuis."

Ou encore, pp. 245-246, l'explication fournie par Nadj sur la loi anti-racolage de 2003et le style vestimentaire en vogue dans une large partie de la gent féminine actuelle, surtout dans ces contrées méridionales :
"Comme par exemple l'instauration du délit de racolage passif. En gros, tu peux arrêter une fille juste parce qu'elle est sur le trottoir [...]. Si le critère, c'est la jupe ras le moteur et le décolleté Nichon-Parade, bonjour ! Par ici, ils vont rafler les ménagères qui sortent du Huit-à-Huit. Voilà. L'idée, c'était juste de dégager les filles [prostituées] des beaux quartiers pour faire plaisir aux électeurs, que leurs bonnes femmes puissent recommencer à s'habiller en putes sans qu'on puisse confondre."

Quant à la découverte de la vocation du travailleur roumain (p. 189), elle laisse le brave Manu une fois de plus pantois :
"Et, je veux dire, sinon, quand tu parleras français, après, tu veux faire quoi ?"
"Après je parlere français bien-bien ? Moi c'est je faire delinquante ganster."

De quoi éveiller des vocations chez les lecteurs de Babelio ???
Décidément, je crois que je vais acquérir les oeuvres complètes de cet auteur...
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