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Critique de Benjamin_F


Troisième tome de Capitale du Sud et cinquième du cycle de la Tour de Garde, Les Contes suspendus s'intéresse à la transmission, à comment l'Histoire a be-soin de la fiction pour perdurer, à comment les faits de-viennent des contes, qui alimentent une mythologie, elle-même ciment d'une culture commune qui permet aux ci-tés de tenir debout à travers les siècles.

Construit sous la forme de l'ADN en double hélice, en-tremêlant les événements de la Capitale du Sud, conso-lidés par Nox / Guillaume Chamanadjian, et de ceux de la Capitale du Nord, racontés par Amalia / Claire Duvi-vier, La Tour de Garde démontre dans ce cinquième tome, qui conclut l'axe du Sud, combien sa construction est habile et fonctionne sur les deux tableaux : chacune des deux trilogies est dépendante de l'autre, tout en fonctionnant parfaitement seule. Nox est ici secondé par Amalia, sans que les trous dans l'histoire de celle-ci, qui seront comblés dans le tome 3 de Capitale du Nord, n'entachent la narration – un petit miracle en soi pour un projet de ce genre.

Chaque tome de la Tour de Garde s'attache a un es-pace géographique spécifique : la cité, l'entre-deux murs, les quartiers nobles havenois, les faubourgs… Dans Les Contes suspendus, la narration prend place dans la Tour de Garde, un lieu vierge, que les person-nages vont devoir modeler à leur image : ce n'est plus le lieu qui influe sur les personnages, mais les person-nages qui influent sur le lieu.

Les cultures, les identités et les rituels de chaque peuple sont à nouveau interrogés et confrontés, mis au regard des systèmes politiques et de la construction sociale, avec cette interrogation chère à la série : comment faire société sans reproduire les erreurs du passé ? le tout avec une conclusion épique, construite à partir d'éléments présents dès le début du premier tome.

Au-delà de ses innombrables qualités formelles, de son intelligence, de la pertinence de ses visions politiques appliquées à un univers heroic fantasy progressiste, de la fluidité de sa narration, de sa capacité à faire ressentir les senteurs des épices, les odeurs de la ville, la convi-vialité des repas, Les Contes suspendus transcende son sujet par le bien-être produit sur le lecteur de passer tout ce temps avec Nox, ce personnage qui « ne sauve pas des vies par héroïsme », mais « sans y penser, dans une sorte de touchant mélange entre imbécillité et sa-gesse ». Nox est un croisement inédit entre le Zadig de Voltaire et un héros de Shōnen. Quoi qu'il fasse, quoi qu'il décide, on a envie d'être à ses côtés, faisant de Capitale du Sud une oeuvre aussi captivante que récon-fortante. du pur plaisir de lecture.

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