AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La société ingouvernable (16)

Tous les indicateurs d'un séisme de grande ampleur sont au rouge , parmi lesquels la recrudescence des " maladies mentales " , des crimes violents , des phénomènes de disruption sociale , le recours le plus fréquent à la police pour contrôler les comportements , l'acceptation croissante des comportements hédonistes ( en particuliers sexuels ) , la multiplication des inquiétudes face à l'avenir , la perte de confiance dans les institutions , que ce soit le gouvernement ou l'entreprise , le sentiment que les réponses du passé ne fonctionnent plus .
Bref , c'est la légitimité même du système social du monde industrialisé qui est en train de vaciller , prévenait Willis W Harman en 1975 .
,
Commenter  J’apprécie          120
Si l'on veut saisir le véritable sens de la "crise écologique" contemporaine, il faut la replacer dans cette histoire-là, celle d'un système économique dont l'expansion a eu l'appropriation destructrice de la nature pour condition consubstantielle, et la resituer dans la continuité de la prédation coloniale et de l'accumulation primitive du capital.
Commenter  J’apprécie          100
Il n'y a d'opposant légitime, aux yeux du pouvoir, que celui qui est inapte à le menacer. Voilà le secret de la "légitimité" vue par les maîtres : ne sont reconnus comme légitimes que ceux qui ont renoncé à leur force.
Commenter  J’apprécie          80
C'est ce que l'on pourrait appeler, par référence à l'insecte xylophage du même nom, la politique du capricorne : nul besoin de tailler les poutres à la hache quand, tapies dans le bois, milles petites gueules rongent inexorablement la charpente.
Avec cette méthode, il n'est pas nécessaire de persuader tout le monde d'adhérer au projet global d'une société de marché pour que chacun œuvre à la faire advenir. En réalité, il est même crucial de ne jamais poser aux gens la question de cette échelle : cette société-là, on ne va pas la leur vendre en gros, seulement au détail. La grande question du choix de société, on l'élude en la dissolvant dans les minuscules questions d'une société de choix. (...) Petite, cette micropolitique l'est donc encore aussi au sens de la mesquinerie. Rétrécir l'horizon. Ne plus regarder le monde que par le petit bout de la lorgnette. Le paysage général, on ne le contemplera que plus tard, en prenant peut-être enfin un peu de recul. Un à un, les rapports les plus infimes en auront été altérés et, à perte de vue, l'ensemble sera devenu méconnaissable.
Commenter  J’apprécie          60
"A quoi ressemble un lundi d'été à l'usine ?" demande-t-on en 1973 à un ouvrier de l'automobile. "Je ne sais pas, je n'y suis jamais allé un lundi." "Comment se fait-il que vous ne veniez travailler que quatre jours par semaine?", interroge-t-on un autre. Réponse: "parce que si je ne venais travailler que trois jours, je ne gagnerais pas assez pour vivre". Mais que voulez-vous au juste?" s'enquiert-on auprès d'un troisième. Ce que je veux: "avoir une chance de me servir de mon cerveau", un travail où "l'éducation que j'ai reçue au lycée compte pour quelque chose". L'usine? "T'es comme en cellule répond encore un autre, -sauf qu'en taule, t'as davantage de temps libre."
Commenter  J’apprécie          61
Autre genre de “théorie du ruissellement”, différente de l’officielle : tandis que les profits remontent, ce qui retombe en pluie, ce sont les coups de pression.
Commenter  J’apprécie          60
Un libéralisme autoritaire est un autoritarisme socialement asymétrique. Tout dépend à qui il a affaire : fort avec les faibles, faible avec les forts.
Commenter  J’apprécie          50
Prenons un procédé parmi d'autres : pour privatiser avec succès, toujours « offrir quelque chose en échange de la perte », c'est à dire « acheter les groupes d'intérêt existants ». En 1983, le gouvernement Thatcher entreprend de privatiser British Airways. 20 000 postes sont sur la sellette, soit près d'un salarié sur trois. Si vous décidez de licencier à cette échelle, vous allez devoir affronter de vives oppositions. Que faire ? « On leur a offert des conditions généreuses en contrepartie de départs volontaires » (un chèque correspondant à deux ans de salaire). Il est donc possible, commente Pirie, d'amener les gens « à renoncer à un gain continu à long terme […] en échange d'un gain unique […] qui met fin au système ». Pour torpiller un intérêt durable, faire miroiter un avantage immédiat. (…).
Cette même méthode peut également se révéler très utile pour partir à l'assaut des régimes de retraites. Rien ne sert, là encore, d'exciter les oppositions en s'attaquant trop ouvertement aux droits sociaux des travailleurs encore actifs. Pour faire passer votre réforme, prenez surtout bien soin de préciser, recommande Pirie, que « les changements proposés ne s'appliqueront pas aux prestations promises et n'affecteront personne atteignant l'âge de la retraite avant la fin du siècle ». « Ces propositions, résume-t-il, consistent en quelque sorte à acheter les générations présentes afin de mettre progressivement en place un nouveau système. » Vendez-nous les générations futures et vous serez épargnés. Le message est le même que précédemment : étant donné que vous ne serez pas touchés personnellement, en quoi cela vous concernerait-il donc politiquement ? Pourquoi vous battre pour d'autres que vous-mêmes, fussent-ils vos petits-enfants ? Ne voyez pas plus loin que le bout de votre nez. Qu'importe après tout, puisque vous-mêmes – promis, juré – passerez entre les gouttes. Et après vous le déluge.
Commenter  J’apprécie          50
Si l'on chante dorénavant les louanges d'une démocratie hier encore abhorrée, c'est bien sûr à la stricte condition implicite de ne célébrer sous ce nom que ce que certains qualifient aujourd'hui de "post-démocratie", un résidu vide, une forme sans substance.
Commenter  J’apprécie          40
Les générations qui sont nées après 1973, celles qui ont grandi à l'ère de "la crise" perpétuelle, ont intériorisé, l'une après l'autre, l'idée que chacune vivrait globalement moins bien que la précédente. Elles ont réappris à avoir peur. Un retournement historique qui pourrait aussi se lire comme une sorte de psycho-thérapie de groupe, une rééducation de masse à la "tolérance à la frustration".
Commenter  J’apprécie          40






    Lecteurs (230) Voir plus




    {* *}