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Citations sur Les Chasses à l'homme (12)

Hier comme aujourd’hui, à défaut d'éradiquer la pauvreté, il fallait rendre les pauvres invisibles.

p121
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L’histoire des chasses à l’homme se fera donc par celles des techniques de traque et de capture mais aussi par celle des procédés d’exclusion, des lignes de démarcation tracée au sein de la communauté humaine afin d’y définir les hommes chassables
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Aujourd’hui, la xénophobie d’État, si elle rompt avec les chasses d’extermination du racisme biologique, réactive et reconfigure certains traits fondamentaux des anciennes chasses de proscription. Les politiques d’illégalisation des migrants se fondent paradoxalement sur une conception territoriale de la souveraineté que sa pratique aboutit de fait à nier. Une politique mortifère qui, par l’exclusion légale, assure l’inclusion paradoxale des nouveaux dépossédés juridiques dans les rapports d’exploitation en même temps qu’elle les vulnérabilise par des politiques actives de traque et d’insécurisation.
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Une chasse bien singulière eut lieu en France, au XVe siècle, dans le parc d’Amboise. Le roi Louis XI, à qui l’on avait fait « l’affreux plaisir d’une chasse d’homme », se lança à la poursuite d’un condamné couvert d’une « peau de cerf fraîchement tué ». Lâché dans le domaine et bientôt rattrapé par la meute royale, celui-ci périt « déchiré par les chiens ».
Faire l’histoire des chasses à l’homme, c’est écrire un fragment de la longue histoire de la violence des dominants. C’est faire l’histoire de technologies de prédation indispensables à l’instauration et la reproduction des rapports de domination.
La chasse à l’homme n’est pas à entendre ici comme une métaphore. Elle désigne des phénomènes historiques concrets, où des êtres humains furent traqués, poursuivis, capturés ou tués dans les formes de la chasse ; des pratiques régulières et parfois massives, dont les premières formes furent théorisées dans l’Antiquité grecque avant de connaître un formidable essor à la période moderne, à l’unisson du développement d’un capitalisme transatlantique.
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Sortir de l’ornière passe par réactivation de catégories non-judiciaires de l’identification politique, par la reconnaissance d’une subjectivité active parce que déjà engagée dans un processus d’auto-émancipation.
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la chasse suppose une forme d’empathie avec la proie : pour traquer efficacement, il faut se mettre à sa place. Or cette opération mentale impliquait de nier la distance sociale absolue que le rapport de chasse visait précisément à réinstaurer entre les maîtres et leurs esclaves
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En commençant par présupposer, dans le droit fil d'une philosophie linéaire du progrès, que la "civilisation"(le présent) exclut la barbarie(le passé), on ne peut ensuite que buter sur le constat d'un anachronisme incompréhensible. En posant l'extériorité de la barbarie à la civilisation sur le mode d'un évolutionnisme horloger, on s'empêche en fait de saisir ce que la barbarie peut avoir de contemporain, la façon dont elle peut continuer d'habiter la "civilisation" même dans sa condition cachée.
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La réduction de l'universalisme à sa face impérialiste vise en fait à en interdire - et tel a toujours été le cas - les usages émancipateurs.
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Le cas des esclaves fugitifs ou des proies rebelles produit une crise dans l'ordre de la domination.En s'échappant et en résistant, ils ne correspondent plus à leur essence supposée. Pour rétablir l'ordre ontologique ainsi malmené, on ne dispose plus, en dernière instance, que d'un seul recours : la force. La chasse violente s'exercera donc, sous la forme de la guerre, à l'égard des hommes qui, étant nés pour être commandés, s'y refusent. Les proies qui ne veulent pas en être, il ne reste, autrement dit, qu'à les mater.
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La chasse se définit comme l’ « action de chasser, de poursuivre », ce qui « se dit particulièrement de la poursuite des bêtes », mais chasser signifie aussi « mettre dehors avec violence, contraindre, forcer de sortir de quelque lieu ». Il y a la chasse poursuite et la chasse expulsion. La chasse qui capture et la chasse qui exclut. Deux opérations distinctes, mais qui peuvent s’articuler dans un rapport de complémentarité : chasser des hommes, les traquer, suppose souvent de les avoir au préalable chassés, expulsés ou exclus d’un ordre commun. Toute chasse s’accompagne d’une théorie de sa proie, qui dit pourquoi, en vertu de quelle différence, de quelle distinction, certains peuvent être chassés et d’autres pas. L’histoire des chasses à l’homme se fera donc par celle des techniques de traque et de capture, mais aussi par celle des procédés d’exclusion, des lignes de démarcation tracées au sein de la communauté humaine afin d’y définir les hommes chassables.
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