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Critique de Tiephaine


Un ouvrage rare mais qui aurait mérité un vrai travail de présentation, de la main d'un auteur ayant influencé Lovecraft mais qui n'a guère connu de succès dans le domaine du fantastique.

La vague True Detective a décidément entraînée avec elle quelques opportunités mercantilistes... Parce que, oui, le Roi en Jaune a marqué True Detective puisque Carcosa y tient une place centrale. Malheureusement, non, ce livre et la série n'ont pas grand chose en commun.

Le Roi en Jaune souffre, tout d'abord, d'un gros défaut: il n'y a aucune notice bibliographique sur les nouvelles que ce recueil contient. Aucune date de première parution, aucun titre original, rien. Ces données auraient pourtant été très simples à retrouver pour l'éditeur d'un livre "culte". D'ailleurs, pour un livre "culte", voir une "première édition intégrale" en français au bout de 120 ans... Une première pas vraiment première puisque cet ouvrage est une reprise d'un autre livre, avec le même titre, paru aux éditions Malpertuis en 2007, avec déjà une traduction de Christophe Till, une notice biographique sur Robert Chambers, et avec en plus une préface, des notes, une bibliographie et des articles. Une édition BEAUCOUP plus complète, donc.

Le Livre de Poche se livre donc avec cette édition à un mercantilisme grossier qui m'agace fortement, en ne faisant que la moitié de son travail d'éditeur. Au lieu de privilégier l'objet, qui reste une forte jolie brique jaune cartonnée du plus bel effet, j'aurais largement préféré que soit privilégié le texte et ce qui l'entoure, ne serait-ce que pour expliquer pourquoi ce livre est soi-disant "culte. C'est ce qui motive, en premier lieu, la note que j'attribue à ce livre, mais pas seulement.

Parce qu'au delà de cette édition pour faire du fric facile, les nouvelles elles-mêmes n'ont que peu d'intérêt. le texte saute du coq à l'âne, et les événements s'enchaînent à un rythme tel que ça en devient bâclé. La traduction n'est pas en cause, c'est bien le texte original qui souffre de problèmes qu'un jeune auteur commet.
On est très, très loin du fantastique d'un Théophile Gauthier ou d'un Edgar Poe, quant à Lovecraft, s'il s'est inspiré de Chambers et a même carrément repris certains éléments du Roi en Jaune (Hastur, Carcosa, les Hyades... déjà présents dans la nouvelle d'Ambrose Bierce, "Un habitant de Carcosa"), il n'a pas grand chose à voir avec ce qu'a écrit Chambers.

Les cinq premières nouvelles de l'ouvrage sont plates et vraiment sans saveur. Leur construction est passable, voire agaçante. Honnêtement, je déteste le style de Robert Chambers, ce qui n'aide pas à apprécier ses écrits pseudo-fantastiques.
Les textes du Paradis du Prophète sont sympathiques, mais ne sont guère intéressants.
Quant au tryptique des rues de Paris, j'ai tout simplement haï. L'auteur met en scène un Paris fantasmé, mais je ne vois pas où il veut en venir avec ces nouvelles. Je ne les ai tout simplement pas terminées à cause de l'agacement qu'elles ont généré chez moi (et je suis pourtant un lecteur patient...).

Cette édition est donc un gros raté qui surfe sur la vague True Detective, mais sombre dans le creux de la vague. L'article final de Christophe Till est intéressant, et rattrape un petit peu le sentiment de tromperie que l'on peut ressentir à la lecture de cet ouvrage, mais il n'y a là rien de bien inédit, puisque l'on peut retrouver le même type d'analyse sur la série sur internet...

Un carton jaune (!) au Livre de Poche, donc, qui a vraiment raté une belle occasion de rendre hommage à un auteur et à son oeuvre.
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