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Critique de Marie987654321


Pipi, autrement dit, Pierre Philomène Soleil, personnage central du récit, est un djobeur selon le terme créole issu évidemment de l'anglais : un de ces hommes qui, dans le marché de Fort de France, louaient leurs bras et leur brouette pour transporter des marchandises : le prolétariat le plus humble. Transposé aujourd'hui, ce serait un livreur Uber Eats, la brouette remplacée par un vélo et un sac isotherme.

Autour de Pipi, l'auteur nous raconte la vie de cet ancien marché de Fort de France et ses personnages, en retraçant la généalogie souvent tragique qui les a conduit en ce lieu. Ce sont souvent des femmes confrontées à la misère, aux compagnons inconstants, voire pire, et aux multiples bouches à nourrir qu'ils leur fabriquent.
Une bonne partie du récit consiste justement à retracer la vie de telle marchande en remontant sur plusieurs générations. J'ai parfois été un peu perdue entre tous les personnages, leur parents et grands parents.

Pipi est un homme fort et respecté dans son métier mais son déclin est à la fois la conséquence d'un amour non partagé pour la belle Anastase et de la fascination pour la légende d'Afoukal et du trésor que son esprit (ou le zombie qu'il est devenu?) protégerait. C'est à dire la conséquence d'un enchainement de destins personnels et d'une histoire qui le dépasse, celle de l'esclavage.

Cette "Chronique" est une oeuvre riche, permettant de multiples lectures. On y trouve une critique sociale acérée : le passé esclavagiste, puis le colonialisme et pour finir le modernisme aveugle et capitaliste qui vient détruire à la fois le marché et le jardin créé par Pipi. le passage mettant en scène Aimé Césaire est particulière acerbe bien que totalement burlesque.
On y trouve aussi une volonté de faire vivre les croyances populaires, les pratiques des papa feuilles, la magie comme explication de certaines situations.

Enfin, le style de Chamoiseau mérite l'admiration par la transcription très particulière du parler créole, des expressions populaires, par la richesse baroque du vocabulaire et du phrasé.
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