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Critique de athousandpages


L'essence de l'âme antillaise

Une partie de l'Histoire de la Martinique nous est contée dans une langue savoureuse panachée ici et là de phrases créoles ….avec traduction instantanée, je vous rassure.

C'est d'abord à travers le vécu d' 'Esternome Laborieux et d'Idoménée Carmélite Lapidaille – le papa et la « manman » de Marie-Sophie Laborieux, l'héroïne du roman – que l'on suit l'évolution de ce TOM français. À l'époque de leur naissance, les toits des cases des plus démunis sont encore constitués de paille de canne à sucre. Mais même les structures plus dures ne résisteront pas à l'éruption de la montagne pelée faisant 30.000 morts dont Ninon, le grand amour d' « Esternome mon papa » comme l'appelle affectueusement Marie-So. En ce temps-là, l'esclavage a beau avoir été aboli, les anciens esclaves forment une sorte de caste reconnaissable à la couleur de leur peau et qui continue à être exploitée par les Békés – les Créoles d'origine européenne. À chaque velléité de protestation contre les conditions de travail, des Koulis indiens sont engagés en remplacement des travailleurs contestataires.

Tout en accumulant les « djobs » chez les « Milâtres » et les « Blancs-France » de l' « En-ville » où en tant que toute jeune fille elle est rarement respectée avec tous les abus que cela sous-entend, Marie-So va peu à peu prendre de l'envergure au sein de la communauté noire, jusqu'à en devenir l'âme. C'est ainsi qu'elle fondera un nouveau quartier à l'ombre d'une usine Texaco pour que ses semblables et elle-même n'aient pas à vivre dans ces « casiers d'achélème » qui paraissent leur avoir été destinés. Mais la lutte est âpre contre les Békés qui ne veulent pas de ce quartier dérangeant, l'évacuent plusieurs fois, sans toutefois réussir à le raser complètement, ce qui était pourtant le projet initial du « Christ », l'urbaniste chargé de mettre de l'ordre dans l'aménagement de ce faubourg naissant de Fort-de-France.

Elle compte bien profiter d'une visite du Général de Gaulle pour le sensibiliser à la cause de sa communauté. Hélas, le protocole et son rang l'empêchent d'approcher le chef d'Etat ; pire elle ne peut percevoir que des bribes de discours parmi lesquels l'exclamation suivante « Mon Dieu, mon Dieu, que vous êtes Français ! ». Encore que dans le brouhaha, d'autres ont cru comprendre « Mon Dieu, mon Dieu, comme vous êtes foncés !».

Bref, le combat continuera sans l'aide des décideurs de la Métropole pour que Marie-So et sa communauté puissent poursuivre leur « benzine de vie » à Texaco, qu'ils considèrent désormais comme leur patrie. Mais ne devrait-on pas plutôt dire « matrie », vu le genre de la fondatrice ?
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