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Citations sur Texaco (75)

La sève du feuillage ne s'élucide qu'au secret des racines.
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Porter la liberté est la seule charge qui redresse bien le dos
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Ninon semblait contente de cette absence d'enfant. Pourtant sans mentir, mon Esternome déployait en savant, la pharmacie du coqueur merveilleux: bois bandé en liqueurs, jus-lonyons pris au miel, bouillie farine-mnioc, pistaches aléliron, coeur ananas-nains, herbes à charpentier...et bien entendu chaque matin il buvait trois oeufs mols battu dans du mabi ancien. Qu'il ait ainsi soigné ses graines (ou sa fertilité) lui permis un cumuil de vies, d'atteindre l'âge des grandes paix.
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Je voulais qu'il soit chanté quelque part dans l'écoute des générations à venir, que nous nous étions battus ... pour nous conquérir nous-mêmes ...
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Savoir parler c'est savoir retenir la parole. Parler vraiment c'est d'abord astiquer du silence. Le vrai silence est un endroit de La Parole.
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Notre futur Christ (l’urbaniste) fut donc transporté comme une touffe d’herbes-lapin au dos de notre Major. Julot devant, les femmes derrière, ils traversèrent un espace grillagé où flottait un vieux senti-pétrole qui vous imprégnait l’âme. La compagnie pétrolière Texaco qui occupait autrefois cet espace, et qui avait donné son nom à cet endroit, avait quitté les lieux depuis nani-nannan. (…) Autour de cet espace abandonné, se bousculaient nos cases, notre Texaco à nous, compagnie de survie.
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Dans ce que je te dis là, il y a le presque-vrai, et le parfois vrai, et le vrai à moitié. Dire une vie c'est ça, natter tout ça comme on tresse les courbes du bois -côtelettes pour lever une case - Et le vrai-vrai naît de cette tresse. Et puis, Sophie, il ne faut pas avoir peur de mentir, si tu veux tout savoir...

Cahier de Marie Sophie Laborieux, 1965
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Vers cette époque, je commençais à écrire, c'est dire: un peu mourrir. Le sentiment de la mort fut encore plus présent quand je me mis à écrire sur moi-même, et sur Texaco. Je vidais ma mémoire dans d'immobiles cahiers sans en avoir ramené le frémissement de la vie qui se vit, et qui, à chaque instant, modifie ce qui s'était produit.
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« Les femmes arboraient leurs bijoux de régale, anneaux, colliers, bracelets de coquillages, d’écailles de tortue ou de perles de lambi. Chemisette blanche et longue cotonnade relevée d’un côté. Leurs cheveux enveloppaient une calende de madras dont les bouts imitaient les feuilles du chou sauvage. À leur cou, à leur taille, à leurs poignets, à leurs chevilles, frémissaient des rubans-toutes-couleurs qui les transformaient, au vent de la jetée, en des lianes chargées de longues fleurs impatientes. »
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Les békés inventèrent le cachot […] Leurs pierres ont conservé grises des tristesses sans fond. Les présumés coupables n’en sortaient plus jamais, sauf peut-être avec les fers aux pieds, le fer au cou, le fer à l’âme pour fournir un travail au-delà des fatigues (p. 50-51).

Les cercueils rouges envoyèrent des racines ; et l’on vit s’élever au dos long des années, plusieurs arbres d’agonie, branches tordues de douleurs. Les observer ramenait des souvenirs qu’on ne possédait pas. Ca raidissait en toi comme un pajambel triste […] mais qui va faire un livre sur ça ?
Cahier n° 4, page 11 (p. 138-139).

Après deux siècles de queue, [ils] stationnèrent deux secondes devant un secrétaire de mairie à trois yeux. D’un trait d’encre, ce dernier les éjecta de leur vie de savane pour une existence officielle sous les patronymes de Ninon Cléopâtre et d’Esternome Laborieux… (p. 144).

Liberté s’était faite un travail à contrat, avec livret, avec passeport. […] Les contrats de moins d’un an te livraient aux vindictes des patrouilles vérifiant ton livret. […] Toutes chaines, de la République ou de Napoléon, n’étaient bonnes que brisées […] Et ni les gendarmes, ni leurs carnets, ni même cet impôt personnel qui nous frappa tous, t’obligeant à trouver moyen de le payer, n’ont su vaincre nos rêves (p 156-157).


La doulce France, berceau de notre liberté, l’universelle si généreuse, était en grand danger. Il fallait tout lui rendre. […] Nous trouvâmes dans l’armée une perspective ouverte de devenir français, d’échapper aux békés. […] Nous fûmes des milliers à devancer les mobilisations (p. 243).

Longtemps, je me considérais comme de passage dans cet En-ville, avec dans l’idée d’entreprendre, sitôt mes poches bien pleines, un Noutéka des mornes… pauvre épopée de mon pauvre Esternome… Je me la ressassais dans ces lits misérables ou j’inspirais de la poussière… […] la misère des cœurs soucieux de s’y grandir […], pauvre épopée, levée complice d’une amertume (p. 284).

Basile me donnait des enfants que je ne voulais pas garder. Une sorte de répulsion, de peur, de refus qui provenait à la fois de la guerre, de mon mépris pour Basile, de ma crainte d’affronter l’En-ville avec une marmaille à l’épaule. […] Je n’étais pas la seule à me percer le ventre. Que de misères de femmes derrière les persiennes closes… […] Ô cette mort affrontée au cœur même de sa chair… que de misères de femmes (p. 306-307).

L’En-ville sent comme une bête, ferme les yeux pour comprendre que tu approches d’une cage, sens pour mieux comprendre, pour mieux la prendre, elle te déroute en te montrant ses rues alors qu’elle se trouve bien au-delà des rues, au-delà des maisons, au-delà des personnes, elle est tout cela et ne prend sens qu’au-delà de tout cela… […] Sens-le Marie-Sophie, sens-le pour voir qu’il vit vraiment (p. 368, p. 369).

Les céhéresses furent mis en déroute par des foules négresses jaillies […] de là où l’on mâchait des petites roches sans pain. Ces quartiers bridés en dehors de l’En-ville enfourchèrent cette tremblade pour clamer leur douleur et abattre les ferrements que l’En-ville leur posait. […] On incendia des voitures et des commissariats. On éleva des barrages nocturnes. Des bandes hurlantes défolmantaient le monde (p. 400-401).

Mais l’En-ville nous ignorait. Son activité, ses regards, les facettes de sa vie (du matin de chaque jour aux beaux néons du soir) nous ignoraient […]. Nous voyions l’En-ville d’en haut, mais en fait nous ne le vivions qu’au bas de son indifférence bien souvent agressive (p. 405-406).

La voix de De Gaulle s’écria “ Mon Dieu, Mon Dieu …”. Je crus qu’un vieux-nègre assassin lui avait allongé un coup de sa jambette. […] On dit qu’il hurla que nous étions foncés, mais je n’ai pas entendu cela (p. 423).

Et-puis la parole tourbillonna jusqu’au secret de nous-même…ô inconnue… vertige de monde… une clameur de langues, de peuples, de manières qui se touchaient entre elles, se mêlaient, posaient intactes chaque brillance singulière au scintillement des autres (p. 426).

Désormais, une généalogie bien claire, sans aucun trou douteux, imposait à tous le plus haut des respects […]. [Leur caste] était aussi liée par la culture méticuleuse de l’idée de survivre dans l’océan nègre menaçant de toute part. […] Les nègres étaient leurs frères mais jamais leurs beaux-frères, et malheur à celui d’entre eux qui enfreignait la règle. […] Aujourd’hui, il fallait savoir se marier, et marier ses enfants, seul moyen d’évoluer dans les strates de la caste, […] quitter l’absence de nom pour un nom très ancien, et quitter la jeunesse pour la poussière magique des familles séculaires (p. 463-466)

Je lui offrais les contentements du monde, livrée sans mesurage, faisant ce qu’il aimait et que je découvrais en explorant son corps. Afin de lui ôter les charmes de la drive, je lui ouvris des cantiques dans les graines, je semai des douceurs dans chacun de ses pores, je suçai son âme, je léchai sa vie. Je m’efforçais de nous fondre l’un à l’autre, et lui offrir une ancre. Ma coucoune se fit chatrou pour l’aspirer et le tenir. […] elle se fit chouval-bois qu’il pouvait chevaucher autour d’un point central, elle se fit petit-gibier-tombé à lover dans sa main pour s’endormir cent ans, et elle s’écartela pour devenir béante, chemin-grand-vent sans murs ni horizon ou il pouvait aller tout en restant en moi […].
[Ma coucoune] se fit pomme et poire et petite cage dorée, elle se fit poule-et-riz, elle se fit liqueur-sucre à laquelle suçoter, elle se fit tafia à soixante-cinq degrés temple des ivresses fixes, elle se fit madou-blanc à cueillir goutte par goutte d’une langue arrêtée, elle se fit dangereuse comme la fleur datura qui pétrifie les jambes, elle se fit grande blessure impossible à soigner sans s’y greffer à vie, elle se fit pince coupante le serrant juste assez pour napper le plaisir (p. 457).

Je connus des amours semblables avec des hommes différents. Toujours avec le même compte de plaisir et de larmes, de brulures et de mystères…illusion toujours neuve… […] Je sus les abandons, je fis souffrir des gens, on me fit souffrir tout, je me trompai souvent et pris un saut de chair pour du sentiment. […] Oh, Gostor qui faisait toujours ça à la gibier rôti… Oh, Nulitre, qui s’accrochait à mon dos et me basculait en avant… Oh, Alexo qui m’appelait manman… hum… Aucun d’eux ne parvint à m’extraire de la Doum et des abords de Texaco […] mon point d’ancrage désormais, mon Texaco à moi […] – ma gazoline de vie (p. 399-400).
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