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Critique de Phoenicia


Clap de fin pour la vie de notre Reine que la vie n'a pas été épargnée par la vie. Eternelle vaincue mais éternelle farouche, c'est ainsi que Françoise Chandernagor nous dépeint celle qui fut l'enfant de Cléopâtre et Marc-Antoine, oubliée de l'Histoire à qui elle donne volontiers une voix. L'Histoire l'ayant oubliée, l'autrice l'admet ouvertement, elle prend des libertés indéniables pour concevoir une vie vraisemblable à ce personnage.

Dans cet ultime tome, on a une Séléné vieillissante, encore une fois en proie au deuil, au chagrin et à la colère envers son ennemi de toujours Auguste et derrière lui Rome en général. L'autrice lui invente une série d'enfants, morts en bas âge. On la suit qui essaye péniblement de donner un hériter à son époux mais aussi et surtout un descendant à cette lignée de pharaon qu'elle refuse de voir s'éteindre. Son rêve ultime ? Rétablir sa dynastie, revoir Alexandrie, tout en écrasant Rome. Un voeu irréalisable mais hautement compréhensible pour une femme ayant eu une enfance marquée par les drames. Oubliée de l'Histoire, elle reste cependant très liée, par Marc-Antoine, à la famille impériale, ce dernier ayant eu Octavie pour femme.
Ainsi, par le biais de ce personnage, véritable témoin silencieux, l'autrice aborde le principat et le début de l'Empire, les luttes intestines des Julio-Claudiens. Entre un Auguste haï, un Tibère misanthrope pour qui on compatis malgré le fait qu'il devienne un tyran et Caligula complètement fou, on frémit à voir les décisions que prennent ces chefs d'Etat sans épargner les membres de leurs familles. Unions consanguines et exécutions officielles marquent cette famille. Famille complexe du reste malgré le fabuleux travail de l'autrice pour nous rappeler les liens de parenté. Entre remariage et adoption, on perd vite le fil mais de manière très efficace Françoise Chandernagor nous remet sur les bons rails. J'ai pris beaucoup de plaisir à en apprendre davantage sur cette période de l'Histoire que je connais peu au final.

A ce gros travail historique, à cette imagination vraisemblable, il faut ajouter la musicalité qui ressort de la plume de Françoise Chandernagor qui nous transporte dans cette époque sans en édulcorer les facettes les plus sombres. Les enfants et la sexualisation qui sont autour tout de même... Certains passages sont à donner la nausée. Autre époque, autre moeurs, on le voit clairement ici. Il y a un pragmatisme et une froideur à l'égard des enfants à vous glacer, allant de pions utiles pour satisfaire les ambitions de tout à chacun à des jouets sexuels admis par tous. C'est un point régulier dans les quatre tomes.

Pourquoi 3,5/5 dans ce cas? J'ai trouvé des longueurs. Alors, on les comprend sur la fin. On sait que ce télescopage régulier sur la famille impériale, loin de notre Séléné, est en fait indispensable. Pour autant, si je le comprends après coup, j'ai quand même eu la sensation durant la majorité de ma lecture que, n'ayant plus de matière car l'Histoire l'a oubliée, Françoise Chandernagor a dû décentrer son récit sur des faits plus tangibles, délaissant notre Reine.
Malgré ce petit bémol, la fin est une réussite. Je pense ne rien divulgâcher, L Histoire parle d'elle-même. Un petit goût amer qui convient tellement à la vie de cette reine, toute romancée qu'elle ait été, et au titre de ce livre...
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