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Critique de 2saori


Un groupe de jeunes étudiants coréens s'apprêtent à accéder au modèle de réussite coréen. Mais cette génération subit un monde dans lequel les grands rêves d'autrefois n'ont pas d'équivalent aujourd'hui.
A mi chemin entre le polar et le livre de société (ce n'est pas moi qui le dit mais la quatrième de couverture), c'est une mise en abîme à laquelle se livre Chang Kang-Myoung.
Je découvre l'un des systèmes scolaires les plus compétitifs au monde, une jeunesse en état de stress permanent.
La Corée du Sud a connu un développement économique extrêmement rapide, basé sur une société entièrement tournée vers ce but. Cette réussite est le fruit des générations précédentes. Aujourd'hui, rien ne justifie plus une telle abnégation. La jeunesse s'interroge sur le sens de leur vie et de leur avenir.
A la fac les étudiants commencent à se rebeller contre le système. Parmi eux, Seyon, une jeune fille très belle et très intelligente, qui a le monde à ses pieds. Elle veut faire bouger les choses, accomplir des actes extrêmes pour que le plus grand nombre prenne conscience de la fatuité de la vie de sa génération.
Parce que Seyon est intelligente, parce qu'elle est séduisante, elle parvient à convaincre d'autres étudiants d'entrer dans sa révolte. Pour que la société ouvre les yeux, elle prétend que seule une vague de suicides peut éveiller les consciences. Mais à des moments précis, lorsque le futur suicidé sera entré dans la vie active. Elle même se suicide lorsqu'elle reçoit son offre d'embauche chez Samsung.
Quelques mois après sa mort, apparaît le site internet whydoyoulive.com, où les candidats au suicide postent leur déclaration avant de passer à l'acte.
Le site prend une envergure insoupçonné, en Corée, mais aussi au delà des frontières.
La construction du roman est géniale. On alterne entre les errements du narrateur et des textes grisés qui s'avèrent être le journal de Seyon. En dehors de toute chronologie, on assiste à la mise en place du projet whydoyoulive.com, les rouages utilisés par Seyon pour convaincre ses "disciples". On lit ses angoisses, ses convictions, jusqu'à sa mort.
Et puis le thème, la façon dont il est traité, m'a profondément touché. On aborde quelque chose de fondamental dans nos sociétés: que peut-on faire de plus? Si les générations précédentes se sont construites sur un idéal à atteindre, les générations actuelles n'ont plus d'objectif de grande envergure. Nos aïeuls ont connus la guerre, leurs enfants ont dû reconstruire, mais les quarantenaires d'aujourd'hui, que doivent-ils faire? Qu'est-ce qui les rendra fiers?
En fait la génération B telle que la nomme l'auteur, ma génération, devra faire preuve d'encore plus d'initiative que les précédentes pour trouver un but à leur vie. Ce qui était dicté par des besoins économiques, politiques, ne l'est plus aujourd'hui. Nous sommes la première génération de l'histoire à n'avoir pas eu à se battre pour notre société. Trouver un sens à sa vie ne passera pas par un grand dessein mais par l'accomplissement personnel, à travers le quotidien.
Avec ce roman, je découvre la littérature coréenne et c'est un grand coup de coeur.
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