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Critique de Erveine


Terminer la mère. Puisque la mère est morte c'est bien parachever le fils. Il est le buste d'un sculpteur qui a omis de poser, apposer sa touche finale. Il y a donc en lui cette partie saillante sur son corps qui doit se prémunir du mal. Il doit veiller que ne s'y insinue à ce point de fragilité, rien d'autre que ce qui peut le nourrir en sève, tel cet arbre dont le tronc prospère jusqu'à maturité. Si ce n'est un chêne, ça lui ressemble, en « lyre », quand la tristesse s'accroît par force et en beauté. Ainsi, orphelin de mère, Albert foule de ses pieds nus, le parterre somptueux de la forêt, minéraux et humus, mais tel l'animal fou, il s'élance aussi par-delà les chemins de traverse, frayant alors dans les ronces et les anfractuosités du sol qui le blessent et l'atteignent en douleur immédiate, atténuant l'onde incisive du mal intérieur qui déferle. Il doit ‘faire' et tergiverse. Il n'est pas d'oubli que le renouveau qui s'attache à combler la mémoire. Sa renaissance à elle, c'est sa vaillance à lui et c'est pourquoi il convie les souvenirs, pour mieux les disperser après, afin d'emplir son être de ce qu'il devient. L'écriture est brillante et le procédé bien abouti si l'on songe que c'est une première construction, un premier livre. Ce qui me ferait perdre le fil en chaleur et harmonie et méditer sur la conduction de l'histoire, c'est cette surimpression de la féminité qui ternit l'impulsion lumineuse et le style indéniable. Aussi, j'ai aimé cette image du châtelain nourrissant le démuni sur ses terres et le transfert d'âme quand c'est l'ermite qui dépose un subside sous le chêne à l'intention du maître ; lequel maître devient sauvage au coeur du dépouillement, mais, oh ! combien roi, dans sa forêt.
Une belle découverte et l'orée de belles perspectives.
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