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Critique de Musa_aka_Cthulie


Je rejoins les personnes qui n'ont pas aimé ce premier opus ou qui sont mitigées : ça se lit, l'histoire est sans surprise mais après tout, ça n'est pas ce qu'on vient chercher. Cependant, trop de personnages secondaires sans beaucoup d'intérêt qui nous arrivent sur la tronche d'un coup d'un seul, au point de nous noyer dans la masse. Peu d'humour, mauvaise traduction, mauvais découpage - on parle en général de découpage pour les films, les séries et les BD, moins pour la littérature, mais le terme a été très bien choisi par Luria : on saute d'un point de vue à l'autre sans prévenir, on fait des allers-retours dans le temps qui sont mal amenés, etc., etc. Et la mise en place prend des plombes.


Pour la petite anecdote et que vous puissiez vous moquer de moi, figurez-vous que l'héroïne s'appelle Delilah, et le héros, Samson. Certes, Julia Chapman fait en sorte que le prénom de Samson soit révélé le plus tard possible, mais enfin, une fois que vous savez que l'un s'appelle Samson, l'autre Delilah, qu'ils se rencontrent, qu'on vous parle de Delilah et Samson, puis de Samson et Delilah, vous percutez forcément. Moi pas. Il a fallu que je lise la critique d'un autre Babeliaute (j'avais fait une pause dans le roman, je ne comprenais pas l'engouement général) pour que ça fasse tilt. Vous voyez donc pourquoi j'avais besoin d'une lecture réputée reposante...


En revanche, y'a des petits trucs qui m'ont franchement gênée. Déjà, il est clair que Julia Chapman, malgré sa page de remerciements, a fait à peu près zéro recherche pour son livre. Elle ne sait même pas ce qu'est une start-up (non, une agence de rencontres lambda sur le web n'est pas une start-up). Ensuite, depuis quand, lorsqu'on est dans une situation financière difficile, soit parce qu'on doit mettre le plus possible de côté en prévision de jours sombres à venir, soit parce qu'on est à la tête d'une boîte qui marche déjà mal, se met-on à créer une entreprise ? Même créer une chaîne YouTube, ça coûte un minimum (y'a tout un tas de stats sur les youtubeurs qui perdent de l'argent). Je parle même pas de Uber Eats (faut payer son sac isotherme une blinde, entretenir son vélo, acheter des pièces de rechange, une tenue pour la pluie, etc., pour être rémunéré 30 centimes la course)... Et pourquoi pas faire un bébé pour gagner de l'argent, pendant qu'on y est, en espérant que dès la naissance il sera doué en affaires et renflouera un compte en banque dans le rouge illico ???


Mais tout ça est rattrapé par LE passage du livre qui m'a à la fois fait hurler de rire et laissée toute songeuse. Il s'agit d'un moment où le héros et la veuve de son meilleur ami (non, ils ne vont pas coucher ensemble, cessez d'avoir des idées lubriques à tout instant !) admirent le paysage et voici ce que dit la jeune femme :
«Mais dès qu'on est arrivés, il s'est mis à pleuvoir, alors on s'est abrités dans la grange en attendant que ça passe. Quand on est ressortis... La vue... C'était stupéfiant. Comme si on avait lessivé le vallon avec une bombe géante de produit nettoyant. Tout étincelait, et l'air était tellement frais ! »


Stupéfaction de ma part, puis grand éclat de rire. Julia Chapman est-elle complètement barrée, ou complètement idiote, ou complètement à côté de ses pompes, ou tout ça à la fois ? Comme il ne fait aucune doute qu'elle va lire ma critique, je vais lui apprendre un petit truc : si on utilisait une "bombe géante de produit nettoyant" sur une vallée, l'air ne serait pas frais, les oiseaux mourraient, les insectes mourraient, les petits rongeurs mourraient, l'herbe et les arbres mourraient, tout mourrait à très court ou moyen terme, bref, le paysage ressemblerait à un décor de roman post-apocalyptique bien davantage qu'à ce qu'on voit dans la campagne après une averse. M'est avis que les gens qui ont été mis dehors par Bayer-Monsanto devraient se recycler ailleurs que dans la littérature. Franchement, c'est quoi cette obsession malsaine pour les bombes de produit nettoyant ???


MAIS. Mais j'avoue qu'il fallait oser. En général, quand un écrivain décrit un paysage après la pluie, c'est gnangnan. Là, on ne peut nier l'utilisation d'une image stylistique d'une grande originalité, voire d'une grande audace. Rien que pour ça (et pour le fou rire), je me dois de mettre la moyenne à ce bouquin.
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