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Critique de PatchouliKnowledge


Une claque steampunk! Même si dans ce cas, réduire Célestopol à l'appellation "steampunk" est presque injuste tant l'oeuvre se nourrit d'influences diverses.

Quand on évoque les mots "recueil de nouvelles", on est un peu dubitatif. On se dit que ce ne seront que des esquisses d'histoires, frustrantes pour le lecteur. Enfin, c'est ce que je me dis en général...
Et puis, finalement, je crois que c'était le format dont avait besoin la ville de Célestopol pour se dévoiler une première fois. Un peu comme si, depuis la Terre, le lecteur braquait un télescope sur la Lune et apercevait le dôme de verre et d'acier de cette superbe cité sélène et, avec curiosité et avidité, grossissait encore la vue pour en saisir les détails. Et c'est comme ça qu'il apercevrait des tranches de vie des habitants de Célestopol, tant humains qu'automates : Nikolaï le duc qui règne en maître bien inquiétant sur sa cité, Arnrun la mercenaire et Wojtek son comparse humain dans un corps d'ours, Amelia l'automate qui rêve d'humanité, Alexey la rêveuse qui conduit sa locomotive à travers les plaines lunaires...

Il n'y a d'ailleurs aucun personnage auquel je ne me sois pas attachée, des palais ducaux jusqu'aux bas-fonds de Célestopol. Emmanuel a insufflé la vie même aux personnages qu'on pourrait qualifier de secondaires et qui sont, plus que les personnages ancrés dans l'action comme Arnrun, ceux qui permettent de contempler la réalité cache-misère de la cité dans toute sa mélancolie : Sergei l'ouvrier du barrage qui observe la ville de loin et son chien Isidore, automate en fin de vie, Ivan le maître de chai qui s'abandonne au désespoir, Elod le peintre sans le sou étouffé de frustration...

Je vois d'ailleurs dans tout ça un certain hommage aux grands auteurs russes, via cette mélancolie d'ailleurs, mais aussi par le biais d'une certaine critique sociale. Evidemment Célestopol et les victimes que sa construction a engendrées, puis qui ont sombré dans l'oubli, font penser à Saint-Petersbourg qui est sortie d'un immense marais à la suite de travaux meurtriers et titanesques, avec l'acharnement de Pierre le Grand qu'on peut un peu rapprocher de Nikolaï dans ses ambitions.

Donc, beaucoup de mélancolie à la fin de cette lecture, et surtout l'envie d'en lire encore.
J'ai aussi énormément apprécié la variété des nouvelles, parfois amusantes (bien que toujours un peu tristes) avec Arnrun et Wojtek, lovecraftiennes avec Dans la Brume, horrifiques avec Convoi, et un peu de "lonesome cowboy" avec Les Lumières de la ville. Aussi, du merveilleux, des amours malheureuses, et toujours, beaucoup de mélancolie dans l'atmosphère feutrée des brumes de sélénium qui, parfois, recouvrent les rues dans l'éternelle nuit lunaire.
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