Lecture passionnante mais difficile et douloureuse.
J'ai bien connu ces "gens comme il faut".
J'ai grandi avec eux dans le chic 16e arrondissement de Paris ;
J'ai été chez ces gens bien comme il faut ;
J'ai eu comme amoureux un de ces gens comme il faut ;
J'ai failli me marier avec un de ces gens comme il faut ;
J'ai été rejetée par ces gens comme il faut .
Fleur, la quarantaine, décide de descendre à la cave pour trier ses vieux cartons de photos, de lettres après la mort de son père.
Mauvaise idée ; ce genre d'entreprise n'est jamais une bonne chose, faites moi confiance.
On y retrouve à tous les coups des secrets plus ou moins bien cachés, des mensonges, des découvertes pas toujours des plus réjouissantes.
À partir de là, nous découvrons la famille Cannelier, des bourgeois snobs et rigides ;
publicité pour Cyrillus et robes à Smocks, rallyes pour se trouver un mari "ayant une bonne situation", c'est bien le plus important. Les sentiments viendront (ou pas) plus tard.
Mais dans cette famille, on a un fils qui aime les garçons, Jean ; qu'à cela ne tienne, on va lui trouver une nunuche qui sauvera les apparences, avec un mariage pour décourager les mauvaises langues. Et oui, dans ce milieu, point de brebis galeuse. Chez les gens comme il faut.
On a trouvé la nunuche ; c'est Madeleine, jeune fille d'une amie de la famille, qui est heureuse de faire un "beau" mariage, elle qui est issue d'un milieu modeste.
Manque de bol, le mariage fut un désastre, avec tout de même deux filles à la clé : Fleur, la narratrice, et Nine.
Je m'arrêterai là en ce qui concerne les histoires et les rebondissements.
Pourquoi lecture difficile et douloureuse me demanderez- vous ?
Parce que trop de coïncidences avec ma propre histoire.
Une mère folle (comme Madeleine), un père Alzheimer (Comme la mère ), la même malformation des hanches (antéversion des cols fémoraux) comme fleur, et beaucoup d'autres dont la lecture serait inutile, et puis on a sa pudeur tout de même...
Que de névroses, que de secrets, quel père et quelle mère ! Des fous furieux, un vrai catalogue de la Redoute pour personnes dérangées ! Mais comment ces deux filles ont pu s'en sortir avec un tel atavisme ?
Fleur appellera sa mère Madeleine Bovary, qui prendra des amants sans cesse car peu sinon aucun rapport sexuel avec Jean, homosexuel refoulé.
Allez une dernière chose ; Fleur est tout de même un peu dérangée elle aussi, elle qui regarde un arbre pousser dans sa cave, avec de la mousse au sol. A chaque visite, l'arbre a encore poussé. Symbole ? Mais de quoi ? Je pencherai pour un arbre généalogique qui, à chaque carton de photos découverts, à chaque secret de famille, prend toute la place dans la psyché de la narratrice. Elle finit même par s'allonger sur la mousse et s'endormir.
En tout cas, personne ne détient la clé de ce phénomène limite psychotique, mais ce que j'ai ressenti, c'est que cette vision est positive pour Fleur.
C'est un beau livre, tres bien écrit, et je pense que chacun verra midi à sa porte, car les secrets de famille sont légion.
Belle lecture.
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