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Critique de thierry1thomas


Chose terrifiante de se dire qu'un jour ce livre a eu du succès, et même de l'influence dans l'histoire politique et littéraire française.

On pourrait sans doute mettre à son crédit qu'il fait partie du corpus d'un précurseur du romantisme, mouvement artistique crucial. Ce serait faire abstraction des précurseurs antérieurs que furent Rousseau ou Schiller, par exemple. Et on aurait pu se passer De Châteaubriand, dont les apports stylistiques ne sont guère exaltants.

Il développe sur le fond sur le plan scientifique des niaiseries que même de son temps les géologues et Lamarck avaient déjà remis en cause. Pour d'autres, il n'a pas eu de chance: elles ne seront réfutées que quelques années plus tard.

Il a une opinion sur les sciences, et les mathématiques en particulier, qui rejoignent celles du héros de "American Psycho": comme ils ne sont plus guère connus, les mathématiciens, c'est donc qu'ils sont inférieurs (voir Partie 3, livre 2, chapitre 1). Avec des arguments pareils, la postérité ne devrait retenir aucun nom en dehors du Top 50.

Son argumentaire théologique - tout le monde qui a un peu de jugeotte le reconnait - est terriblement faible, et je passerai au-dessus.
Mais ses appropriations artistiques sont autant de contre-sens avec son propos. Il prend par exemple à témoin régulièrement Voltaire ou Cicéron pour défendre le christianisme comme supérieur.

D'un autre côté, il assoit des jugements sans autre forme de procès, comme autant de vérités, alors que ce ne sont que des subjectivités, certes dignes du mouvement romantique, mais sans aucune force objective.
Une partie non-négligeable de cette argumentation repose d'ailleurs sur l'Ancien Testament, d'ailleurs, ce qui n'est pas sans faire sourire.
Ce ne serait rien, si son livre n'avait les prétentions d'établir un génie qu'on ne peut s'empêcher de trouver biscornu.

Alors, on se doit de mettre toute de même une étoile et une raouette, parce que l'homme sait écrire. Mais même au niveau stylistique, je ne peux m'empêcher de le trouver souvent ennuyeux. Sans compter qu'il multiplie les citations par paquets - et qu'au fond le substantiel de ce livre n'est tout simplement pas de lui.

On peut lui pardonner ses approximations historiques, par exemple quand il parle de chevalerie -encore que... Peut-on vraiment les lui pardonner? Après tout, l'Ancien Régime dont il est issu était encore plein de chevaliers, tenus d'en respecter les valeurs... Autrement dit, par simple déduction logique, il devait se douter que les chevaliers médiévaux n'étaient pas plus nobles, plus charitables, plus chrétiens en un mot, que ceux de son époque.

Enfin, bien sûr, il y a ses positions conservatrices, passéistes, surtout à l'égard des femmes, des athées, des païens.

Bref, après avoir lu les Mémoires d'Outre-Tombe, acte d'auto-glorification que les historiens, les ayant passé au peigne fin, n'ont pu que discréditer, je ne peux que déconseiller la lecture d'un ensemble qui ne mérite pas d'avoir survécu à son auteur.
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