AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CzarnyPies


Un tombeur de femmes notoire, Chateaubriand a choisi de publier ces mémoires à titre posthume afin d'éviter des défis aux duels. le lecteur y trouve bien des belles descriptions d'amour; seulement sa femme l'a déçu. Néanmoins ce livre est surtout un chronique de malheurs :
« Trois catastrophes ont marqué les trois parties précédentes de ma vie : j'ai vu mourir Louis XVI pendant ma carrière de voyageur et de soldat; au bout de ma carrière littéraire, Bonaparte a disparu; Charles X en tombant, a fermé ma carrière politique. »
La seule déception pour le lecteur est la quatrième et ultime partie où Chateaubriand raconte l'histoire de ses flatteries interminables effectués auprès du roi Charles X en exil à Prague dans de but de l'influer. Ses efforts étaient en vaines parce que Charles X le détestait de longue date comme Madame la duchesse d'Orleans, (femme du Roi Louis-Philippe) lui a bien expliqué : « Madame la duchesse d'Orléans eut la bonté de me rappeler ce qu'elle nommait ma puissance sur l'opinion, les sacrifices que j'avais faits, l'aversion que Charles X et sa famille m'avaient toujours montrée malgré mes services. »
Il faut reconnaitre que Chateaubriand détestait le roi Charles X autant que Charles X. Pourtant, Chateaubriand était un homme de principe. Il préférait essayer de s'immiscer dans les grâces d'un roi légitime en exil que faire une belle carrière sous un roi illégitime en pouvoir.
La première partie du livre qui raconte son enfance et ses débuts dans le service militaire fait penser aux mémoires de Rousseau. Notamment il y a un choc d'une tentative de suicide : « Me voici arrivé à un moment où j'ai besoin de quelque force pour confesser ma faiblesse. L'homme qui attente à ses jours montre moins la vigueur de son âme que la défaillance de sa nature. Je possédais un fusil de chasse dont la détente usée partait souvent au repos. Je chargeai ce fusil de trois balles, … J'armai le fusil, introduisis le bout de canon dans ma bouche, je frappai la crosse contre terre; je réitérai plusieurs fois l'épreuve; le coup ne partit pas; l'apparition d'un garde suspendit ma résolution. Fataliste sans le vouloir et sans le savoir je supposai que mon heure n'était pas arrivée et je remis à un autre jour l'exécution de mon projet. »
Après la première partie, le ton Rousseauesque disparait. Dans les trois dernières parties Chateaubriand défend ses actes en tant que politicien, auteur et amant d'une manière conventionnelle. Cependant, son style est superbe et ses anecdotes sont tout à fait remarquables. Mon favori est le passage où comme ambassadeur Français auprès du Vatican, il décide sans consulter le roi Charles X de poser le véto français à la candidature du Cardinal Albani dans le conclave qui irait choisir Francesco Castiglioni (Pius VIII comme pape.
« Cette lettre d'exclusion, confiée à un cardinal par un ambassadeur qui n'y est pas autorisé formellement est une témérité en diplomatie : il y a de quoi faire frémir tous les hommes d'État, »
Dans un autre passage remarquable, Chateaubriand décrit sa fureur quand Charles X décide de céder son trône à son cousin Louis-Phillipe plutôt que de déclencher une guerre civile.
« Un peuple s'est souvent retrempé et régénéré dans les discordes intestines. Il n'a jamais péri par une guerre civile, il a souvent disparu dans des guerres étrangères. »
Les mémoires ont aussi des passages croustillants où il invective la Fayette le grand champion de la liberté et de la monarchie constitutionnelle.
« Dans le Nouveau Monde, M. de la Fayette a contribué à la formation d'une société nouvelle; dans le monde ancien, à la destruction d'une vieille société : la liberté invoquée à Washington, l'anarchie à Paris. »
Les Mémoires d'Outre-Tombe sont très longues et il y a beaucoup de passages ennuyants. Néanmoins, elles m'ont fourni un divertissement superbe pour la période de confinement Covid-19.
Commenter  J’apprécie          62



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}