AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Emylit23


Un conte, une fable, un roman,... peu importe la forme car cette histoire a fait écho. Comme j'ai aimé Solange. Cette femme qui aime qu'on la remarque et s'habille souvent en rouge, cette femme attirante, cette femme active, cette femme en accord avec son époque. Pourtant, un jour, elle croise une dame en bleu qui gêne la circulation car elle marche à son rythme... ralenti et, Solange se calque sur son pas. A partir de là, la femme flamboyante revêt un tailleur gris, quitte son travail, change sa manière de vivre et prend le temps. Elle loue même une chambre à la maison de retraite , y passe quelques fois, s'allonge au soleil, fait la sieste,... profite du temps sans plus aucune contrainte. Bien sûr, sa meilleure amie et son amant ont bien essayé de la faire revenir sur le "droit chemin" mais rien n'y fait. Sa fille, Delphine, si elle est étonnée et, peut-être effrayée par le chemin que prend sa mère, respecte son choix, essaie de la comprendre et toutes deux se rapprochent.
Certains trouveront sans doute cette histoire triste en la résumant à "vouloir devenir vieille avant l'âge" alors que cela va bien au-delà de cette simple apparence. Ce texte est riche de phrases qui résonneront aux oreilles de certains et resteront silences aux oreilles d'autres. Il n'y a rien de triste, à mon avis, car Solange a juste décidé de mettre sa vie en pause un moment ou pour toujours (ce sera à vous d'en juger car l'autrice laisse planer le doute), eu envie de regarder le temps passer sans aucune contrainte, sans aucun apparat. Il est plusieurs fois question de la vacuité mais qu'est-ce au fond? La vacuité à ne pas confondre avec le vide qui renvoie à un sentiment de néant. La vacuité, dans les spiritualités orientales, se définit comme l'absence d'être en soi càd l'absence d'existence propre mais pas l'absence de sens. Dans le bouddhisme, la vacuité est la nature ultime des choses autrement dit la réalité. Pour ma part, c'est ainsi que j'ai perçu cette histoire que j'ai trouvé sublime. Petit livre qui m'a beaucoup marqué car qui n'a jamais pensé vouloir tout quitter le temps d'un instant et n'avoir plus aucune contrainte sinon celle de regarder s'écouler le temps, le temps d'un bref instant, un temps de plénitude, de liberté absolue....
Vous l'aurez compris, j'ai été très sensible aux mots de l'autrice, à cet instant suspendu. Cela fait des années que ce livre est dans un coin de ma tête, c'est seulement maintenant que je lis et, j'ai compris pourquoi. C'était maintenant le bon moment pour apprécier cette histoire, plus jeune, je ne l'aurais pas lu avec une telle intensité. Il y a de bons moments pour chaque chose, il suffit juste de savoir attendre parfois....
Merci Madame Châtelet de m'avoir permis de savourer le temps de cette lecture!

Quelques phrases pour illustrer mon propos:
" [ ] on ne court pas lorsqu'on a dans les yeux l'émerveillement de l'indolence et dans l'oreille, le ravissement du pianissimo." p.15

"Elle parle pour parler, pour le plaisir des mots qui s'enfilent ou plutôt qui s'emmaillent. Un nom à l'endroit, un verbe à l'envers. Au tricot des phrases ne manque que le cliquetis des aiguilles." p.77

"Mais pour Solange, il n'y a pas que la lenteur, la densité, il y a, encore une fois, la sensation de plénitude à se retrouver sans désir, sans besoin, la griserie de n'être troublée par rien, par personne - pas même elle, lorsque dans son lit, par exemple, elle promène une main abstraite sur son ventre ou sur ses seins parfaitement assoupis- et cet inégalable sentiment d'un corps bouclé sur lui-même à qui n'est demandé ni prouesse ni performance." p. 85

"Solange désapprend l'apparence. C'est sa dernière trouvaille, sa nouvelle liberté." p.86

Belle lecture!





Commenter  J’apprécie          366



Ont apprécié cette critique (35)voir plus




{* *}