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Critique de Folfaerie


Cela faisait quelques années que ce titre était sur ma liste, lecture toujours repoussée, jusqu'à ce que l'on m'offre ce livre à Noël. Et voilà l'un des classiques de la littérature de voyage enfin dans ma bibliothèque !

Pourquoi Chatwin ? D'abord à cause de la renommée et du talent de l'écrivain, ensuite pour ce sujet si particulier, traitant des Aborigènes d'Australie, peuple qui me fascine depuis des années.

Ce livre tient à la fois du récit de voyage, du témoignage et du roman ethnique.

A la suite de quelques figures australiennes marquantes, dont Arkady qui va lui servir de guide, Chatwin entreprend de recueillir les paroles des Anciens qui connaissent les emplacements des sites sacrés, répertoriés par Arkady afin que le tracé de la future voie ferrée puisse les éviter.

Ce faisant, Chatwin en apprend beaucoup sur les itinéraires chantés, véritable cartographie complète, spirituelle, géophysique, musicale et poétique du continent Australien. Un mécanisme complexe à partir duquel toutes choses ont été créées et qui permet aux différents groupes Aborigènes de rester connectés entre eux et avec le reste du monde.

En parcourant ces immenses territoires, Bruce Chatwin fait des rencontres inévitables, des figures familières pour le lecteur qui possède quelques livres sur l'Australie : des personnalités rudes, ayant encore l'esprit des pionniers, des marginaux, des originaux ou excentriques, des grands propriétaires terriens, des idéalistes... Dans le Bush profond le racisme est une réalité.

Du petit bar minable perdu en plein désert aux foubourgs des grandes villes, le contraste est toujours saisissant entre les Aborigènes, perdus entre deux cultures, dépendant de l'alcool et des subsides du gouvernement, et ces Blancs arrivistes, souvent méprisants.

Malgré les efforts des uns et des autres, des bonnes volontés dont Arkady est le principal représentant, les Aborigènes ne se laissent pas si facilement intégrer, eux qui savent encore s'adapter à la terre où ils vivent, plutôt que l'inverse, et ce, malgré la pauvreté.

L'arrivée des Blancs a perturbé ce fragile équilibre, rompu quelques uns de ces itinéraires. Arkady et d'autres qui oeuvrent à la protection des Aborigènes, en s'efforçant de faire protéger leurs droits ancestraux, tentent de réparer ces dégâts.

L'identité culturelle de certains groupes Aborigènes a pu se sauvegarder en partie, grâce à l'Art. Là encore, les bonnes intentions ont parfois (souvent ?) été diluées dans ce qui est devenu un commerce plutôt juteux pour les galeries et les intermédiaires.

Depuis les années 1970, l'Art Aborigène, les peintures essentiellement, connait les faveurs des amateurs et du public. Les prix des tableaux sont élevés, mais ce n'est pas pour autant que les artistes sont tous justement rétribués...

Au fil des pages, des descriptions, des anecdotes, Chatwin aborde un sujet plus personnel, s'interroge sur le nomadisme, compare le mythe de la Création des Aborigènes avec celui d'autres peuples et d'autres cultures, et rapporte des bribes de conversation, des rencontres avec ceux qui ont pu l'aiguiller dans sa quête, de Konrad Lorenz à Yves Coppens et tous les peuples nomades qu'il a pu côtoyer. C'est la partie qui m'a le moins plu. On y trouve un peu de tout, des réflexions personnelles, des proverbes, des extraits de la Bible, etc. du coup c'est un peu fourre-tout.

La fin du roman coïncide avec la mort de trois Aborigènes (qui préfigurait celle de l'écrivain ?) et laisse la porte ouverte à d'autres réflexions.

Quoi qu'il en soit, et malgré cette seconde partie qui m'a peu enthousiasmée, je salue le travail de Chatwin qui a su resituer toute l'originalité de ce pays, au travers de ses descriptions, des rencontres, des restitutions de dialogues. On y sent la magie des terres inhospitalières au commun des mortels et surtout, on entrevoit toute la richesse spirituelle d'un peuple qui continue, envers et contre tout, à résister à notre monde moderne.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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