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Critique de Ambremc


C'est un récit extrêmement dense que nous propose Christian Chavassieux. L'histoire se déroule sur près de trente ans, et les tenants et aboutissants sont tellement nombreux et complexes qu'il me sera difficile de parler de tous. L'univers où se déroule l'intrigue est très riche et extrêmement développé. Je ne peux que saluer l'imagination très fertile de l'auteur ! Mais, paradoxalement, cela dessert l'histoire à plusieurs moments. Il y en a juste trop ! Dès le début, je me suis retrouvée noyée sous la somme colossale d'éléments qui composent l'univers, la société de ce monde. Dès les premières pages, j'ai été confronté à un vocabulaire qui m'a complètement perdue. On y parle de g'litch et de ghem, quoi que cela puisse vouloir dire. Puis on comprend que les g'litch sont les femmes - ou du moins spécimens féminins de ce peuple, que j'ai imaginé comme des humains. Mais le sont-ils vraiment ? Pas moyen de savoir, au début en tout cas. Et puis d'autres choses sont ajoutées. On évoque leur système de reproduction, il y a différents types de mâle, une fois encore, quoique cela puisse vouloir dire. Ça n'était pas forcément vital pour le récit et a contribué à me perdre complètement, me faisant certainement passer à côté d'un pan de l'histoire. Les quelques explications distillées au cours du récit étaient trop légères, trop survolées pour être vraiment efficaces.
J'ai quand même, malgré cela, beaucoup aimé le monde ou tout cela se déroule. Ce continent immense abritant des cultures différentes toutes unies pour un même but, malgré les tensions et les différences, cet océan gigantesque... Pourtant cette richesse et cette originalité ne prennent tout leur sens qu'à la fin de l'histoire, passée la grande révélation qui donne une dimension toute autre à l'histoire. D'ailleurs le nom de ce monde, Pangée (un super continent qui aurait composé notre monde avant qu'il ne se sépare), a une vraie signification, qui ne devient claire qu'à la fin…
Comme je l'ai dit, le récit se déroule sur une très longue durée. L'un des problèmes que cela engendre est que j'ai trouvé l'histoire très longue à démarrer, le début étant aussi trop dense, tout de suite. Les grandes ellipses entre certains chapitres n'ont pas facilité ma compréhension du récit. Tout cela était tellement vaste qu'il m'était difficile de vraiment me rendre compte, et certaines ellipses étaient vraiment trop brutales. D'ailleurs, le changement de civilisation qui s'opère sur Pangée pendant que la flotte de chasse est en mer a été beaucoup trop abrupt pour moi. J'ai trouvé cela presque "trop" facile pour un tel changement sur une civilisation.
C'est une très bonne histoire, mais j'étais quand même contente d'en arriver au bout. J'avais envie de savoir ce qui allait se passer - et j'ai eu raison d'insister, sinon j'aurais loupé ce fameux plot twist qui donne toute sa dimension au récit - mais les longueurs et le nombre élevé d'éléments trop "exotiques" m'ont empêché de vraiment m'immerger dans le récit. Pourtant, celui-ci aborde des thèmes passionnants, comme le génocide, l'importance de l'Histoire pour un peuple, la cohabitation des espèces et des peuples… La réflexion sur le mythe, son évolution et son rôle pour un peuple était vraiment intéressante. Au final, on ne sait pas vraiment pourquoi ils chassent l'Odalim.
D'ailleurs, pour y revenir, vers les deux tiers du récit, l'auteur a ajouté un élément, une révélation à laquelle je ne m'attendais vraiment pas. Pour le coup, ça m'a vraiment bluffé ! Les éléments donnés ici, couplés à d'autres distillés dans la dernière partie ont donné une dimension tout autre au récit, lui donnant un second souffle. Ceci et les nombreux points de vue différents ont contribué à donner une vraie profondeur à l'histoire mais aussi à l'univers.
Les personnages sont nombreux et variés, et le fait de suivre certaines parties de l'histoire du point de vue de l'un ou de l'autre donnait un coté très neutre, pas du tout manichéen. Ceci dit, les personnages m'ont assez déçu. J'ai bien aimé Logal, toujours droit et Hammassi, la jeune conteuse à l'esprit ouvert, mais à part quelques trait principaux j'ai trouvé que beaucoup de protagonistes n'avaient pas de vraie personnalité. Il y avait une certaine froideur dans leurs descriptions et leurs manières d'agir et peu d'émotions s'en dégageaient, les déshumanisant.

C'est un très beau roman que nous livre Christian Chavassieux, mené avec un style magistral qui correspondait bien à l'immensité de l'univers né de sa plume. J'ai tout de même déploré un manque d'éléments épique comme on m'en a vendu sur la quatrième de couverture et un monde tellement dense que l'on s'y perd, au détriment de l'histoire.

Chronique complète à lire sur mon blog !
Lien : http://goo.gl/juLomc
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