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Critique de Alexein


Wow !
C'est prodigieux ce genre de livre ! Écrit par un adolescent (après qu'il a un peu grandi) d'une extrême réserve autant qu'il est d'une extrême sensibilité. Une histoire sur l'authenticité des sentiments à une époque où tout n'est que célébration artificielle des apparences. Cette histoire produit sur moi une résonance comme peu l'ont fait jusqu'à présent.

Dans ce roman raconté sous forme de lettres, le héros (Charlie) décrit sa vie avec le vocabulaire d'un adolescent, avec un humour espiègle et une acuité dans la suggestion tels que l'on ne peut que se sentir réchauffé par l'atmosphère très réaliste de ce livre où la tendresse côtoie l'effroi, les grands élans du coeur, le sentiment d'infini, les angoisses existentielles inhérentes à l'adolescence, le grand bouillonnement des sensations et des émotions.

J'ai été totalement happé par cette magnifique histoire plus encore que par le film qui m'a fait découvrir le livre. Stephen Chbosky l'a écrit à partir d'éléments de sa propre vie et ça se sent. Tout y est cohérent et respire la vérité. Seuls les pleurs m'ont semblé un peu trop abondants mais ça n'était pas suffisant pour gâter le récit. Toutes les angoisses et les comportements de l'adolescence y sont dépeints : solitude ; humeur totalement versatile ; délaissement des amitiés antérieures ; création de nouveaux liens ; perte des êtres chers ; tragédies familiales ; les ados qui gambergent jusqu'à en avoir le vertige ; quête de l'identité ; appartenance à un groupe ; naissance d'élans intérieurs aussi puissants qu'angoissants ; sincérité et mensonge ; sentiment d'être inadapté et complètement paumé ; volonté d'être en phase avec le monde mais en même temps ne rien comprendre au pourquoi des actes des autres ; les drogues, etc. Tout ce qui tiraille, aiguillonne et déchire l'âme durant cette période de profonds bouleversements.

Ce livre m'a rappelé tout ça, comme une clef ouvre une serrure restée longtemps scellée. C'est le genre de livre dont j'ai tout autant envie de connaître la fin que je veux prolonger l'état dans lequel sa lecture me plonge : il me fait me sentir hors du temps et cela doit sûrement faire que je me sens infini.

Combien de fois cela arrive-t-il dans une vie de se sentir autant en osmose, de rayonner ainsi d'ondes aussi puissantes et si tendrement contagieuses ? My goodness !

Et cette histoire, véritable choeur polyphonique, est si bien équilibrée que je trouve qu'il en ressort une harmonie universelle.

Avancer dans un univers flou et engourdissant, en avoir peur et pourtant trouver ça doux comme de l'ouate, grisant, et de jouir ensemble de cet état intermédiaire où les fous rires sont si faciles, les peines abyssales, les joies extatiques, où tous les sentiments et les sensations sont à fleur de peau et où l'on se sent littéralement infini. Pour Charlie, ce n'est plus un problème de se sentir gauche quand il sent que les autres autour de lui le sont aussi et qu'ils en rient tous ensemble et sombrent dans un engourdissement collectif doux et chaud, une dimension planante dont on pense qu'elle peut durer éternellement parce qu'on se sent infini.

Un ouvrage à mettre entre les mains de ceux qui inclinent à la misanthropie.

Et pour finir, je veux moi aussi proclamer : « I feel infinite ! »

Mille mercis Stephen Chbosky !
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