Il faut aimer ce qui est devant toi, maintenant, dit-elle, car le présent est tout ce que tu as.
Après la mort de Nin, elle s'était renfermée, en prétextant que c'était pour éviter que d'autres soient blessés, mais à présent elle savait qu'elle l'avait fait pour se protéger elle-même. Si vous n'aimez personne, vous ne souffrez pas quand les gens disparaissent de votre vie.
Or Archer l'avait changée. Archer avait fissuré son armure, et désormais elle aimait tellement, tellement de monde.
Les morts étaient partis, peu importait à quel point on voulait qu'ils soient avec nous.
Ces retrouvailles n’étaient pas le fruit du hasard… C’était le destin. Et c’était un filet, fin comme la soie et dur comme le fer, qui se refermait sur Archer et elle à chaque seconde qui s’écoulait.
Que fais-tu ici, Archer ? Il doit y avoir un meilleur endroit pour toi si proche de la fin. Archer était sur le point de rétorquer que ce n’était pas la fin. Mais il prit conscience qu’à bien y réfléchir cela n’avait pas d’importance. Fin, milieu, début. Il se fichait bien de savoir où il en était de sa propre histoire, tant qu’il était avec Sefia.
Les livres sont de curieux objets. Ils ont le pouvoir de vous piéger, de vous transporter et même de vous transformer si vous êtes chanceux. Mais, en fin de compte, les livres, même les livres magiques, ne sont qu’un simple assemblage de papier, de ficelle et de colle. C’était la vérité fondamentale que les lecteurs oubliaient. À quel point un livre est vulnérable.
Piégé, pensa-t-il. Il était piégé par le destin. À moins que lui et Sefia puissent y échapper.
Chaque vie en Kelanna était une histoire. Un conte à vivre, à se rappeler et à répéter.
Il y a de nombreuses choses que tu ne peux pas défaire, Archer, chef des saigneurs, et la mort n'est que l'une d'entre elles.
Regarde vers l'horizon. C'est là que se trouvent les aventures.