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Critique de ladesiderienne


Comme l'auteure le dit elle-même à propos de "La vraie couleur de la vanille" : " La trame historique se tissait patiemment. Mais c'était un roman que je voulais écrire. Le plus authentique, le plus plausible, mais aussi le plus romanesque possible. Écrire un roman, c'est accumuler des pierres et des poutres éparses de réalité. Tâcher de les assembler avec un ciment d'imagination, d'intuitions. Et aérer le tout par des questions qui sont des ouvertures, des portes battantes, des vasistas." Pari réussi avec ce livre où Sophie Chérer mêle avec brio réalité et romance tout en jouant avec nos émotions.

Sur l'Ile Bourbon, en cette première moitié de 19ième siècle, Ferréol Bellier Beaumont, riche planteur de canne à sucre va défier ses compatriotes. Pour tromper sa solitude, il décide de prendre sous son aile le nouveau-né d'une de ses esclaves morte en couches. Au fil des années, ce passionné de botanique va transmettre à celui qu'il a appelé Edmond ses connaissances de la flore, sans pour autant lui apprendre à lire, ni l'affranchir. Un jour, par hasard, le jeune garçon découvre le secret de la vanille, secret qui pourrait apporter la richesse à l'île. Mais les notables et les planteurs blancs ne sont pas prêts à accepter que ce qu'ils cherchent depuis longtemps ait pu être trouvé par un esclave.

Inutile de vous dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver à travers cette lecture, ce petit bout de caillou qui allait devenir La Réunion, île que j'ai eu le bonheur de parcourir il y a quelques années. Son histoire passée a fait d'elle ce qu'elle est actuellement : une terre de mixité culturelle, originelle, religieuse.
Sophie Chérer déploie son talent en jouant sur deux tableaux : d'une part la violence en étalant sous nos yeux le quotidien des esclaves et d'autre part la poésie à travers ses nombreuses descriptions de la flore locale.
Elle joue aussi sur l'ambivalence du maître des lieux. Par ses idées sur l'esclavage, il semble en avance sur son temps par rapport à ses compatriotes. Pourtant, il n'est pas prêt à les mettre en pratique, notamment vis à vis d'Edmond. Une mention particulière pour le chapitre qui porte sur l'importance de l'identité chez l'être humain. Identité que l'on refuse à l'esclave qui n'a pas de nom et souvent un prénom ridicule donné par le propriétaire.

Classé dans la catégorie jeunesse, mon seul regret est que ce roman ne soit pas plus long. Il est temps de rendre à Edmond ce qui lui appartient : si la fleur est blanche, le fruit de la vanille, lui, est bien noir. Un magnifique hommage à ce petit garçon qui mérite un 20/20.
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