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Critique de kuroineko


Avec Les Bas-Fonds de Londres, Kellow Chesney, au début des années 1970, se fait à la fois historien de la société et des mentalités. L'époque victorienne est pour beaucoup source de rêveries littéraires et de fantasmes. Elle se distingue par une longévité sur le trône de la reine Victoria elle-même, par une révolution industrielle qui aboutit à l'essor du capitalisme et à des bouleversements dans les diverses couches sociales, par un paradoxe incroyable entre une rigidité morale et la présence nombreuse de débauches et crimes, par une floraison de grandes oeuvres artistiques et littéraires de premier plan, etc. Et, bien sûr, l'ombre fuligineuse de Jack l'Éventreur et de ses atrocités plane sur la dernière partie du règne victorien.

Kellow Chesney aborde naturellement ses meurtres inconnus de toute typologie criminelle d'alors. Mais le lecteur qui s'aventure dans cet essai afin d'y lire une description de l'affaire Jack de long en large en sera pour ses frais. L'historien y fait référence dans son introduction, plus pour notifier le caractère exceptionnel et incompréhensible de ces assassinats, non représentatifs de la criminalité de l'époque.

Prostitution, pègre sportive, pickpockets et voleurs de poules, cambrioleurs et frappeurs de fausse monnaie, ..., le panel criminel du XIXème siècle victorien persiste toujours de nos jours, sous des formes et avec des causalités différentes. Kellow Chesney en dresse les portraits qu' fil de chapitres thématiques. Il se base sur diverses chroniques et enquêtes contemporaines de Victoria pour assoir ses propos. Chaque type de délinquance ou crime est éclairé par diverses anecdotes issues desdites chroniques ou de sources policières et judiciaires principalement. Ces cas avérés donnent beaucoup de vivacité à une étude déjà passionnante à lire. Certains montrent des situations des plus cocasses quand d'autres font voir toute la misère crasse - et crasseuse - des gourbis puants et insalubres où croupissent petites frappes, prostituées dévorées par le chancre et l'alcool, et mendiants au bout du rouleau. Quelques extraits de Dickens, qui suivit lors d'une nuit, la tournée d'un inspecteur de la police dans les bouges et les garnis de dernière catégorie.

S'étirant au long du siècle, le règne de Victoria est loin d'être figé dans un tout immobiliste. On suit avec l'historien les évolutions de la société et comment les progrès de l'industrialisation et du chemin de fer, de l'alphabétisation et une organisation plus efficace de la police impactent fortement les classes dangereuses. Tout est question d'adaptation; disparaissent certains types de délinquants avec les changements, même mineurs, du corps social britannique.

Cinq cents et quelques pages de captivante lecture, voilà ce qu'est ce pavé sur la prostitution et les crimes à l'époque victorienne. Il intéressera tout curieux de la période et offre une base instructive et très utile pour encore mieux appréhender la société d'alors et les contextes des nombreux romans écrits lors de ces décennies.
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