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Critique de KotolineBastacosi


Voici une nouvelle BD sur le conte de Perrault, Peau d'Âne. Je précise que la dessinatrice a choisi la version originale en vers du conteur, cela peut paraître pour certains jeunes lecteurs une petite difficulté de compréhension, bien que quelques bulles de Cécile Chicault apparaissent çà et là, pour s'adapter à un jeune lectorat. Mais c'est aussi une bonne idée que d'avoir opté pour la version versifiée.

Je ne vais pas raconter le conte, en revanche je suis choquée de lire que Perrault appartient au XVIIeme siècle (coquille possible ?), et l'illustratrice semble ignorer qui furent les prédécesseurs conteurs dont il s'inspira. Je la cite « Il est même étonnant qu'un homme du XIXème siècle, Charles Perrault, ait écrit un texte si moderne sur l'intimité féminine », voir page en fin du livre).
Propos d'ailleurs sans pertinence voire décalés, ce n'est pas une version « moderne », loin s'en faut, car le conteur Perrault avait pour but d'amuser conjointement un public d'adultes et d'enfants, et n'a fait que reprendre des contes et légendes traités par de nombreux auteurs précédents (on peut aisément se procurer les différentes versions antérieures en ligne) et ce conte en particulier. Perrault a simplement choisi d'embellir le conte en le dépouillant de détails ou expressions trop grossiers, pour le destiner á un public policé et érudit.

Concernant les images, certaines planches sont très belles, notamment celles des arbres et des fleurs, de la nature en général. d'autres moins réussies, et convenues. Pourquoi tout ce mauve et ces couleurs sombres, même si une certaine tristesse se glisse dans le conte ? Cela procure une sensation négative. Je note page 15 une erreur de reproduction dans la statue mortuaire de la mère, au niveau des bras et de la gerbe de fleurs (p.15)

Je ne trouve pas la Princesse très jolie, son visage est même assez ingrat, très inexpressif, avec ce petit nez ridicule et mal fini, bref rien n'incite à la rêverie et surtout à l'empathie. de même les femmes se trouvent pratiquement toutes avec des vilains nez. Cela n'est pas gênant pour les hommes, assez bien réussis. Mais les visages féminins auraient mérité plus d'attention. Dommage aussi de n'avoir pas consacré une magnifique planche aux oiseaux de la ménagerie, où l'imaginaire de l'enfant comme celui de l'adulte aurait eu du plaisir à se noyer et plonger dans la rêverie . Nous trouvons ainsi un petit rectangle avec des coqs et paons vraiment décolorés et sans relief. On reste sur sa faim. de même les robes ne brillent pas par leur beauté ni leur magie. Dommage.
Du point de vue du traitement graphique la dessinatrice nous dit avoir voulu donner « un esprit assez symbolique ». Certes. Nous y voyons des montres, des goussets, et autres breloques pour illustrer le temps qui passe, et des yeux pour exposer le voyeurisme du père, et le malaise de la Princesse qui se sent observée et à la merci de son père, mais le symbolisme n'est guère illustré ailleurs.

Je m'attendais à des planches plus réussies, qui auraient donné davantage d'importance et de beauté à la petite Princesse. Si la couverture des contes est superbe, si nous pouvons apprécier certains objets de tous le jours (tasses, bouteilles), les fleurs et les arbres, - ne pas oublier toutefois que les logiciels actuels facilitent grandement le travail du dessinateur - en revanche je ne suis pas arrivée à éprouver de l'émotion ni de la rêverie, et il me semble qu'il y a un souhait délibéré, chez la dessinatrice, de ne pas vouloir faire de l'héroïne une princesse émouvante, expressive et jolie. Une héroïne, donc, qui ne restera pas gravée dans les mémoires.

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Jungle pour l'envoi de cette B.D.
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