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Critique de Lililaluize


Amatrice du cinéma sud-coréen et également de sa littérature, j'ai sauté sur le dernier polar de Choi Jae-Hoon qui, je le savais par avance, allait combler mon envie livresque du moment.
Quelle est la patte du polar coréen ?
Cet humour cynique, cette voix immorale qui nous fascine parce ce qu'au fond elle ne fait que délivrer bien souvent un message societal qui défrise les plus aveugles.
Inconvenant et obscur, il en reste que c'est bien la noirceur des hommes qui alimente ces oeuvres.
Choi Jae-hoon fait partie de cette génération d'auteurs qui s'empare de cette violence et des bouleversements de la Corée , ou peut être devrais-je dire des sociétés contemporaines.

J'y retrouve le polar sombre , ce climat anxiogène et perverti, cette génération désenchantée accroc des réseaux et phobiques des relations sociales, l'isolement, cette profonde solitude qui fabrique l'inhumanité, les humiliations quotidiennes et le harcèlement.
On pense très vite à l'univers de Ryu Murakami, cet auteur japonais mettant en exergue la brutalité de la société japonaise anesthésiée par la cruauté de l'immédiateté et la perte des valeurs.
Je ne sais comment Jae-Hoon, représentant du polar coréen moderne qui n'est plus marginal, détenteur de plusieurs prix, arrive encore à susciter cette impression de se retrouver devant un ouvrage novateur mêlant tant de références et c'est sans aucun doute une part de son talent.

Adroit, ce thriller tue et coupe des doigts, peut être parce qu'ils se substituent au cerveau, greffés sur des portables ou des touches de claviers, ils deviennent la matière grise de l'obsolescence humaine programmée.
L'évolution des meurtres tient ses comptes, un doigt de plus à chaque tuerie , dix , comme les commandements, comme un message du sacré qui ne pourrait supporter la perte de repère.

Jae-Hoon écrit les névroses.
"Dix petits meurtres" est le déséquilibre même, la psychose effervescente qui dissout la raison.
C'est le goût de l'effacement de soi et des autres, la pulsion de la finalité, la soif de vengeance qui abreuve une fringale d'existence éphémère.
C'est chanceler et bégayer dans le quotidien, patauger et feindre l'équilibre désaxé.
Jusqu'à l'explosion.

Déflagration d'un final puissant dans lequel subsiste toute l'adresse et l'agilité de Choi Jae-Hoon.

Un thriller mélancolique et brutal.


Pour terminer je réponds à la question que la majorité des lecteurs se pose... Ce titre, un clin d'oeil à Agatha Christie ?
Affirmatif!
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