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Critique de Kirzy


Rentrée littéraire 2021 #4

Ce roman, à peine refermé, j'ai juste envie de le relire, encore et encore, j'ai juste envie de l'offrir à tous ceux que j'aime. Tellement il fait du bien, tellement il n'est que grâce et lumière.

C'est l'histoire d'un garçon, de sa naissance à sa dernière année lycéenne. Les livres qui parlent d'enfance et d'adolescence sont légions, mais il est rare qu'ils soient aussi justes pour retranscrire cette éternelle aventure, ils sont rares les Attrape-coeur ou Les Cahiers d'Esther. Luc Chomarat, avec son récit à la première personne d'un double-narrateur, retrouve toute la saveur de cette période sensible où tout se joue.

Le charme opère dès les premières pages. Universel. Comme si l'auteur s'adressait à moi. Alors que je ne suis pas un petit garçon et que je suis née plus tard que lui, chaque situation m'a touchée au coeur et fait retrouver tout ce que j'avais oublié de cette part de moi. Quand parvenir à sauter de la troisième marche d'un escalier vous fait dire que tout est possible. Quand il demande très sérieusement à son père si, comme Abraham avec Isaac, il aurait accepté de le sacrifier à son Dieu ... et d'être terrifié par la non-réponse du père qui balaie l'urgence de la question. Tout faire pour ne pas être choisi le dernier lors de la constitution des équipes de foot car «  le foot n'est pas une option. le latin, le grec, sont des options. le foot, c'est obligé. Si tu es un garçon. » Les premiers émois sentimentalo-sexuels, évidemment, sont bien présents, du premier amour pour la cousine aux dames du catalogue de la Redoute ( qui,elles, mettent du rouge à lèvres contrairement aux filles du collège ).

Et c'est bouleversant un enfant qui fait sa mue, comme ici, sur le chemin du collège, aux côtés de son père qui y enseigne :
« Nous ne parlons pas beaucoup pendant le trajet, parfois pas du tout. Il ne me donne plus jamais la main, ce qui est normal. Je suis grand maintenant, j'ai dix ans. A dix ans, on ne donne plus la main à son père. Mais parfois, j'aimerais qu'on se dise de trucs. Je ne sais pas trop comment lui parler. J'ai l'impression que toutes les choses que j'aimais bien avant sont en train de partir sans qu'on puisse rien faire pour les retenir, comme l'eau par le trou du lavabo. »

Entre innocence et profondeur, la magie surgit du choix des mots et de leurs agencements. le travail d'écriture de Luc Chomarat est remarquable. Chaque paragraphe est une scènette à la vie autonome, tout en étant parfaitement connecté à celui qui le précède et celui qui lui succède. Chacun peut se déguster en solo, et c'est d'autant plus formidable qu'un humour tendre mais vif se glisse un peu partout entre les mille défis, mille peurs et mille rêves propres à l'enfance.

Dans coup de coeur, il y a coeur, et cette parenthèse enchantée, cette bulle de tendresse hors du temps, en est molletonnée jusqu'au dernier mot.
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