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Critique de Sachka


Sachka
23 décembre 2022
Elle flippe qu'on ne l'aime plus
Elle balise de s'aimer un jour
Ça pressure, ça la tue
Ça lessive dans son tambour

Elle veut pas finir seule et moche
Elle veut qu'on s'inquiète pour elle
Elle veut pas avoir de la bidoche
Ni se laisser des poils sous les aisselles

Elle panique (elle panique, elle panique)
Elle panique (elle panique, elle panique)
...

Je n'avais jamais lu de romance de Noël jusqu'à ce jour mais c'était sans compter sur les talents de conteuse et la persévérance d'une adorable chipie que je compte parmi mes amies, n'est-ce pas belle Onee ? Ce que je recherche dans une romance de Noël ? La magie de Noël bien entendu, les paysages enneigés à perte de vue, les jolis petits chalets en bois, les sapins, les lumières scintillantes mais pas que... car moi j'ai besoin qu'on me vende du rêve pour faire battre mon petit coeur d'artichaut et surtout il faut que ce rêve soit à ma portée, accessible donc comme dirait Onee si on peut éviter les situations rocambolesques et les personnages peu crédibles pour pouvoir s'identifier aisément au personnage féminin, ici en l'occurrence la demoiselle Claire, et faire vibrer en un choeur joyeux la midinette et l'amoureuse qui sont en chacune de nous (c'est valable pour ces messieurs) et je vous assure que ça a vraiment été le cas avec ce joli roman de Cécile Chomin. Et si j'ai vibré tout au long de ces pages c'est peut-être aussi parce que Noël c'est ce moment un peu à part où tout semble possible, ce moment durant lequel on peut pardonner, dire je t'aime... ou à l'inverse se faire larguer, se faire jeter comme une m**** ce qui est le cas de Claire cette jeune parisienne qui officie en tant que community manager pour une grosse boîte de cosmétiques, qui a tout pour être heureuse et qui se voit lâchement abandonnée le jour de ses noces par son futur mari. Mais quelle idée aussi qu'elle a eue la bichette de se marier au mois de décembre ?! On ne se marie jamais en hiver ! Tout le monde le sait ça ! Et j'en sais quelque chose puisque je me suis moi-même mariée en hiver. J'ai voulu faire ma maligne, point de robe longue mais une robe courte (au moins elle n'a pas fini sous une housse dans un placard puisque je l'ai recyclée), résultat deux jours après j'avais une grippe carabinée, 39 de fièvre et j'étais au lit au lieu de profiter des festivités organisées. Vous me direz ce n'est pas pire que de se faire planter par son futur le jour J comme Claire. Non c'est certain mais quand même ça gâche un peu le moment. Qui peut imaginer se faire planter devant l'autel le plus beau jour de sa vie, même pas le temps de dire ouf, ni oui ni non ? Personne ne peut imaginer, c'est le pire des scénarios. Alors bien sûr il y a celles qui vont hurler, pleurer, s'effondrer, supplier, trucider le goujat, lui mettre un uppercut en plein dans les coucougnettes et pourquoi pas même l'émasculer (les regrets de Claire) quelles que soient les raisons qui ont poussé l'abruti fini (Hector) à changer d'avis car l'acte en lui même est inexcusable... Et il y a les autres comme Claire qui restent silencieuses, sonnées, incapables de pleurer et pour qui prendre la fuite, partir le plus loin possible est le seul moyen de survivre à la violence de ce moment, elle qui restera dans sa longue robe blanche princesse déchue pour toujours devant la famille, devant les amis, devant Dieu... terrible, oui terrible. Deux mois de régime pour pouvoir rentrer dans une fichue robe à 8000 € qui finira en cendres dans la cheminée d'un gîte perdu dans la montagne. Mais la belle Claire a de la ressource et du caractère (ouf !), elle est dotée d'un humour cinglant et sait faire preuve d'autodérision, d'ailleurs dans les situations difficiles ou les plus improbables elle m'a beaucoup fait rire cette jolie princesse hystérique et phobique de tout un tas de trucs.
Alors elle part Claire et elle a bien raison, elle part pour oublier mais pas trop longtemps hein, quelques jours seulement, deux semaines, le temps initialement prévu pour son voyage de noces en Australie. Elle part à 600 kilomètres de Paris direction les Alpes du Sud dans le petit village de Cambairoux situé au pied du Mont Blanc. Cambairoux c'est pas l'Australie mais c'est toujours mieux que de rester bouffer du Xanax ou de suicider à l'alcool sur Paris et à Cambairoux au moins personne ne la connaît, les langues ne pourront pas se délier et les âmes compatissantes cesseront de lui rappeler sans cesse l'humiliation et la déception subies face à ce moment qui aurait dû être parfait, idyllique. Dans sa fuite (comique je l'avoue) elle tombe en panne et se fait gentiment -non pas gentiment- héberger par le propriétaire du champ dans lequel son gros 4×4 quatre roues motrices (et j'insiste sur le pléonasme) s'est embourbé, Hugo Moreton, un homme taciturne et solitaire avec un sens assez limité de l'hospitalité au premier abord, à priori ces deux là n'ont vraiment rien en commun : il est joueur de hockey professionnel, débarqué de New-York après une blessure qui le laisse hors-jeu et surtout il vient de perdre sa mère, il est donc là pour régler la succession et coïncidence troublante Claire se rendait justement jusqu'au gîte de sa maman mais elle apprend de la bouche de ce dernier qu'elle est décédée deux mois auparavant, la belle n'ayant nulle part où aller Hugo n'a d'autre choix que de l'héberger malgré lui pour la nuit...

Un roman sans prétention que j'ai trouvé plutôt bien écrit, dans l'air du temps, dont j'ai beaucoup aimé le ton, ça vanne sec entre nos deux protagonistes, les échanges sont musclés et il faut reconnaître que le personnage de Claire est très attachant et surtout point important : l'utilisation judicieuse de la narration alternée nous met au plus proche des émotions de Claire mais aussi de celles d'Hugo, nous sommes d'emblée servis dès les premières pages et les premiers mots donnent le ton :  "Journée pourrie. Jour 1. Merde, merde et merde..." le lecteur entre dans le récit paniqué et au bord de la crise de nerf tout autant que Claire notre jolie parisienne qui se retrouve "larguée" (dans tous les sens du terme) en pleine montagne dans les Alpes du sud mais même larguée elle ne perd pas le nord Claire, elle est comme ça, elle ne se laisse pas envahir facilement par les émotions et elle est bien déterminée à s'incruster chez cet hôte que la providence à mis sur son chemin.  C'est l'histoire d'une rencontre qui au départ n'en était pas une, c'est l'histoire d'une adorable petite tornade blonde qui chamboule tout sur son passage mais surtout c'est l'histoire d'un petit village de montagne dont les habitants qui forment une grande et belle famille s'évertuent à sauvegarder l'authenticité. Et ne l'oublions pas, les emmerdes aussi grosses soient elles, ont parfois du bon dans la vie (je ne généralise pas non plus) et surtout ces deux là m'ont plu jusque dans leurs chamailleries.

Et les scènes de sexe me direz-vous ? Et vous avez bien raison de demander bande de petits coquins car ce sont elles aussi qui pimentent le récit, il y en a, et d'ailleurs j'ai trouvé la première scène d'ébats très sensuelle et bien amenée avec un corps à corps inattendu et presque vital. Pour ce qui est des autres scènes à caractère sexuel certaines n'étaient pas nécessaires et ce n'était pas nécessaire non plus de lorgner à tout bout de champ sur le fessier de Claire, ça n'apporte rien de plus à l'histoire, le lecteur a bien compris qu'elle avait un beau petit cul bien ferme, pas la peine de le répéter vingt fois... Et puis moi qui suis friande d'ellipses narratives j'ai été servie avec la deuxième et dernière partie du récit dont le ton se fait plus grave et vient apaiser notre lecture, partie dans laquelle j'ai trouvé de beaux passages. Nos petits animaux ne sont pas en reste non plus dans ce récit, deux Huskies : Hector et Arthur (oui du même nom que l'indélicat cité plus haut) et un chat : Gustave, qui a toute son importance dans l'histoire et je n'oublie pas la bande de copains car quand on n'a plus l'amour que reste-t-il sinon l'amitié ?

J'accorde 3,5 étoiles au roman de Cécile Chomin (à cause des redites sur le fessier de la belle il rate de peu les 4 étoiles) car de temps de temps on devrait laisser tomber la neige et lire une jolie romance de Noël comme celle-ci.

Bien entendu je vous invite à faire route jusque chez Onee et je vous souhaite à tous et à toutes, mariés ou célibataires, de merveilleuses fêtes de fin d'année.



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