AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Laurence64


Un peu de bois et d'acier est la vie trépidante d'un banc public, dans un jardin public, devant un arbre public.
Et le public passe. Ou s'assied. Ou utilise le pauvre banc à d'autres desseins. Une vie de banc, ce n'est pas une vie de bâton de chaise. C'est plus immobile et plus calme. Ce n'est pas non plus une vie de barreau de chaise. C'est moins incendiaire.

Star inhabituelle d'un roman graphique, le banc - quelques planches et quatre pieds- se plaît à se montrer sous toutes les coutures qu'il n'a pas. Sous le crayon de Chabouté, il cabotine davantage que son copain le chien qui arrose régulièrement d'un petit jet d'urine son pied avant droit. Il n'hésite cependant pas à poser sous la pluie ou la neige, à arborer la sale mine de celui qui est bestialement taggé, à supporter avec un stoïcisme admirable les figurants humains, habitués ou pas, qui le fréquentent. Et tout muet soit-il sa présence est irremplaçable. Même un banc design à l'aspect de paquebot tarabiscoté ne saurait jouer son rôle.
Mais…

La vie d'un banc de bois, c'est comme la vie d'un banc de thons. C'est intéressant un moment mais un poil lassant. Même si le banc se refait de temps à autre une beauté. de toutes les façons, un acteur passe toujours par la séquence maquillage. Sauf qu'on ne lui met pas autour du cou un écriteau pour avertir que sa peinture est fraîche. Bon, il est vrai qu'on s'assied moins souvent sur un acteur que sur un banc. Pardon, Je digresse, je digresse.

Le banc de Chabouté vaut par l'humanité qu'il attire ou qui le croise (le banc, lui, reste toujours immobile).
Il y a le couple âgé qui partage un petit gâteau (pas le même chaque fois). le skater qui méprise l'assise. La lectrice de Cartland. L'homme sans domicile qui tente de s'y allonger lorsque le gardien cesse sa traque. L'amoureux transi aux fleurs inutiles. Pas d'amoureux à la Brassens. Ni de pigeons. Deux jolies scènes cocasses.

Et un peu trop de bons sentiments au fur et à mesure que les saisons passent. Comme si les petits moments croqués autour de ce banc devaient se condenser en une histoire heureuse. Comme si les petits malheurs disparaissaient avec les tracas, les soucis, les contrariétés. Comme si Chabouté avait dérapé sur l'idée initiale pour conclure sur une happy end générale.
Commenter  J’apprécie          250



Ont apprécié cette critique (21)voir plus




{* *}