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Critique de florigny


Les idées les plus simples sont souvent les meilleures, John Christopher le prouve dans Terre brûlée paru pour la 1ère fois en 1956. Un sale petit virus, le Chung-li voit le jour en Chine sans inquiéter outre frontières. Il touche d'abord le riz, blé, avoine, orge, seigle puis par ricochet viandes, volailles, produits laitiers mais que représentent 200 millions de morts asiatiques dus à la famine ? Avec leur réarmement démographique puissant, ils boucheront les trous en moins de 2 générations.


Tous les gouvernements du monde se rassurent avec la même pensée réconfortante. Jamais la science n'a fait défaut. Les ministres s'enferment à huis-clos, mentent, dupent, briment et escroquent les citoyens, envoient la troupe contre le peuple, puis quand leur coup de génie - croient-ils -, qui consiste à annoncer le Père Noël quand il est trop tard pour tout, échoue, ils projettent d'exterminer la populace via des bombardements nucléaires, tandis qu'eux, caste de nantis, s'envoleront vers des destinations sauvegardées mais pour combien de temps. Il est curieux de constater comment en remplaçant simplement Chung-li par Covid, ce roman plus de 6 décennies après sa parution, semble tellement actuel.


Deux frères, John et David, le premier architecte à Londres, le deuxième héritier d'une ferme et d'une bonne terre pour qui se contente de peu. Perspicace face aux menaces, John prend La route avec femme, enfants, amis et armurier aux compétences bénies-des-dieux, avant que Londres soit confiné. Il veut fuir à la campagne, rejoindre la terre promise, celle de ses ancêtres où vit son frère, là où il espère pouvoir reconstruire un monde d'après. Mais la route est semée d'embûches. Les périls s'amoncellent. Rendues à la sauvagerie, des hordes décomplexées par le cataclysme, volent, violent, tuent. L'humanité a régressé au niveau de la vendetta, "pour-un-oeil-les-deux-yeux, pour-une-dent-toute-la-gueule ». John s'adapte très vite, prend la tête du groupe comme s'il était né pour commander, devient un de ces nombreux petits Napoléon engendrés par le chaos.


A travers le destin individuel d'une poignée d'individus dont l'évolution en situation de crise est analysée avec une rare acuité, John Carpenter donne à voir l'humanité tout entière, une fois les motivations de chacun mises à nu dans un contexte où seule la survie compte. Avec une économie de moyens qui défie l'entendement, dans un style puissant et sobre, l'auteur offre à lire – et surtout à méditer - à notre génération et à celles qui suivront (peut-être) une réflexion sur l'effondrement des politiques, un plaidoyer pour l'écologie, le respect, l'humanisme. Au final, un texte intemporel, un classique d'une beauté saisissante dont il faut absolument prendre connaissance avant de le diffuser largement.


« Et j'aimerais croire que les choses vont s'arranger. Non, que je mette en doute ce rapport - je connais la réputation des gens qui l'ont signé - mais tous les rapports du monde ne pèsent pas lourd quand je regarde dehors et que je vois partout du noir à la place du vert. »
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