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Critique de AnnaDulac


Dans ce petit livre, le lecteur trouvera une trentaine de photographies d'Athènes accompagnées de courts textes inspirés par les images.
Et c'est un choc. Car ici la flânerie dans une ville, lieu commun en littérature (Georges Perec, Julien Gracq, Walter Benjamin) , devient une interrogation profondément dérangeante et stimulante sur le tissu urbain et la manière d'y vivre, sur fond tragique de crise économique.
On ne verra ici nulle image esthétisante du Parthénon, mais des brins d'herbes poussant entre les dalles de la Bibliothèque nationale, un fauteuil en plastique abandonné dans une rue, un cône orange signalant un improbable carrefour.
La déambulation hasardeuse de l'auteur saisit des objets dans leur surgissement et nous dit que ces objets existent et n'existeront plus. Ils sont en voie de disparition, comme celui qui écrit et photographie qui disparaitra, dit-il, dans «le trou noir de la dernière photographie. »
Les perspectives se mêlent, les strates se superposent, l'avant, l'après, le devant, le derrière. On peut jouer avec la ville. Elle n'a pas de rationalité. Elle est « indisciplinée ». Elle est « folle », « violente », « tordue », provoque une « frénésie assez pénible », mais aussi « intrigue », car l'inattendu distille « un charme étrange. »
Oui, Athènes est une ville musée, mais pas comme on l'entend généralement.
« La ville se métamorphose en un musée à ciel ouvert, rempli de fragments », soit de tôles froissées, de poubelles fixées à un lampadaire coupé en deux, de chicanes en plastique, ainsi que de quelques et rares situations humaines, comme cet homme soliloquant sur une barrière, ou cette femme au soleil.


La démarche de Christos Chryssopoulos est extrêmement intéressante, car elle témoigne d'un tiraillement entre garder (quitte à « mettre sous le tapis ») et perdre. Sa portée philosophique dépasse largement l'anecdotique.
L'origine de ce livre est un projet nommé « Disjunction » qui a fait l'objet d'expositions à Marseille, Paris et Athènes. Les textes ont été traduits du grec par Anne-Laure Brisac et publiés dans sa maison d'édition Signes et Balises. Merci à Masse critique.



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