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Critique de Butylphenyl


Connaissez-vous le “new weird”, ce courant littéraire né à la fin des années 90 en réaction à certains carcans dans la littérature fantastique et la science fiction ? Non ? Eh bien jusqu'ici, moi non plus. Pour être honnête, c'est la couverture qui m'a d'abord intriguée puis la quatrième de couverture – qui laissait présager une critique du capitalisme – a achevé de m'ensorceler. Malheureusement, l'enchantement a été de courte durée.

Impossible de résumer ce beau bébé de 700 pages en lui rendant justice tant il regorge de spécificités propres à sa narration et sa tonalité mais son postulat en substance est plutôt simple : 5 économistes développent une devise capable de se reproduire et bouleversent la société. Il s’agit donc d’un roman fondamentalement politique mais aussi, à sa façon je trouve, philosophique. Michael Cisco nous fait réfléchir sur ce qui régit nos vies : l’argent, les médias, le savoir.

Malheureusement j’ai trouvé cette lecture éreintante, non pas pour ses sujets qui me passionnent en temps normal mais pour la manière dont ils sont abordés. Il s’agit en effet d’un roman à tiroirs. Cisco s’en donne à coeur joie pour multiplier les intrigues voire sous-intrigues parallèles (à quoi bon quand elles sont aussi stériles que celle entre Assiyeh et Thafeefa ?) et également les points de vue ce qui rend l’ensemble difficile à suivre, sans compter qu’il s’appuie sur une narration non linéaire.

Par ailleurs, le concept d’argent animal n’est clairement défini qu’à la moitié du livre et intervient à mon sens beaucoup trop tard. Jusqu’à cet instant, le lecteur évolue aveuglément dans une intrigue opaque et une écriture que j’ai trouvée certes très originale mais là encore éreintante. J’ai ainsi buté à plusieurs reprises sur les noms à rallonge et volontairement imprononçables des régions, des villes, des langues ou plats nationaux inventés par Cisco pour l'occasion.

Pour autant, je dois aussi souligner qu'il y a de belles fulgurances dans ce livre, à l'image de cet extrait : "Comment pouvais-je avoir des désirs aussi vagues ? Ce n'était pas leur irréalité qui me déprimait, ou que je fuyais, c'était leur réalité qui me rejetait. Je n'étais pas assez réel pour eux, ou, même si je parvenais, ce que je ne peux expliquer, à exister, j'existais de la mauvaise façon, pas à leur façon, pas comme eux."

Pas un mauvais livre en soi donc mais un livre simplement pas fait pour moi.

•°•°•°• A lire tout particulièrement si :
- vous êtes un(e) adepte de Jeff VanderMeer et plus largement du new weird ;
- vous vous intéressez au rôle que tient l'argent dans nos sociétés modernes ;
- vous aimez les romans à tiroirs avec une plume très imaginative ;


Lien : https://www.instagram.com/bu..
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