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Critique de frandj


L'auteure, fille de Maliens installés en France, était mal partie dans la vie. Jeune, elle a vécu dans une famille noire et pauvre. En particulier elle évoque avec émotion la mémoire de sa mère analphabète, qui a toujours conservé sa dignité. La trajectoire d'Aya Cissoko l'a conduite à sortir de ce milieu. Pourtant, elle n'a rien oublié. S'adressant à sa fille, elle témoigne de sa condition de « Noire-Noire », qu'elle assume.
Le début est particulièrement incisif. Dès la page 4, elle nous assène que tout est « politique ». La meilleure défense étant l'attaque, elle stigmatise en bloc les Blancs comme les « Autres ». Par la suite, l'auteure parait moins dogmatique et surtout plus précise. Elle décrit bien le racisme quotidien, les abus de pouvoirs de la police, la lourdeur administrative, le fiasco de l'Education Nationale (dans sa tentative d'intégrer les enfants d'origine étrangère), etc... Evidemment, les problèmes soulevés ici sont immenses et je ne suis pas sûr qu'on aille présentement dans la bonne direction...

Sur le fond, comment puis-je me positionner après avoir lu le livre d'Aya Cissoko ?
Pas de doute pour moi: l'Homo Sapiens est un être agressif, cherchant constamment à asseoir sa domination sur les autres. Cela commence dès l'école primaire: un enfant trop gros, ou trop petit, ou trop naïf, ou trop protégé, est couramment victime de vexations petites ou grandes, infligées sans vergogne par d'autres élèves. A l'école comme ailleurs dans la société, n'importe quoi – y compris la couleur de la peau – peut engendrer ce type de méchancetés.
Les réactions racistes sont un phénomène de masse très ordinaire, dont personne ne peut s'exonérer complètement. En outre, le racisme et les injustices qui lui sont attachées ont, dans la société, une dimension collective et engendrent une colère plus ou moins visible. L'auteure l'exprime sans détours: « La colère est l'une des réponses instinctives et immédiates à l'injustice. La colère précède l'action » (p. 33). A vrai dire, son ire semble d'autant plus violente que elle-même a eu autrefois honte de sa mère qui n'a jamais été "assimilée".
Aya Cissoko est elle-même prisonnière du système: par exemple, quand elle scolarise sa petite fille dans une école privée, comme le ferait une Blanche BCBG ! Par ailleurs, je n'ai pas compris pourquoi elle rechigne à être considérée comme un exemple d'intégration réussie. (A ce sujet, on se demande pourquoi elle ne décrit pas clairement ici son propre parcours, qui est remarquable).
Je suppose que les contempteurs du "wokisme" vont beaucoup s'énerver en lisant ce livre. Moi, je pense que le point de vue des Noirs vivant en France est méconnu et mérite d'être documenté. Tant pis si l'auteure me parait parfois beaucoup trop catégorique.
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