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Citations sur La peau, l'écorce (5)

Les instructeurs, ceux qui nous disaient vous respirez, vous bloquez, vous appuyez sur la queue de détente, ils disaient aussi aller au feu, et le feu brillait dans leurs yeux comme le diable danse. On nous préparait à ça, à la danse du diable. A la mort aux sept voiles. Et pourtant, quand on est arrivés sur place, dans ce lieu qu’on appelait là-bas, on a bien vu qu’on n’était pas prêts. Que les semaines passées à s’entraîner et à apprendre n’avaient pratiquement servi à rien. On n’enseigne pas la trouille.
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Ils ne sont pas beaucoup mieux équipés que nous autres. Des va-nu-pieds de cette petite boucherie, pareils à nous. Leur matériel, le putain de désert l’a bousillé, sans doute. Le vent, le vide. Et la mort. Chaque fois qu’elle se pointe, celle-là, un engin est foutu. Ou alors on n’a plus personne capable de l’utiliser, ce qui revient au même. Mais ils ont un véhicule et un appareil de transmission. Notre machine à nous a sauté avec un de ceux dont j’ai oublié le nom. C’était peu après notre arrivée dans le coin. J’ai beaucoup dégueulé. Ce n’est pas tant la vue que l’odeur. Poil cramé et steak grillé. Presque appétissante.
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Il ne semblait pas porter de marque. Ou peut-être l’a-t-il fait enlever. Des bouffeurs de misère proposant de l’effacer pullulent de nos jours. Ils prolifèrent. La marque est arrivée avec les premières bombes, les premières fusillades au début du glissement. Les dangereux, les à-risque, les présumés, ceux dont on supposait qu’ils pourraient un jour, on les a marqués. Et puis, comme un tache de sang sur une chemise blanche, elle s’est étalée à d’autres, à ceux qui avaient traversé la mer, à ceux que l’épuisement du monde avait rendus inutiles, comme le vieux chiffon mouillé que j’ai aidé à se relever. C’est alors que sont apparues les zones de confinement. On a limité le périmètre d’existence de ceux qui étaient marqués. On a gardé, tenu, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus, jusqu’à ce que ça déborde.
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Nous les observons. Huit pupilles braquées sur eux, ouvertes à les en avaler. Une araignée. Ils ne sont pas assez nombreux, pas assez prudents. Ils ont l’air tranquille. Ils n’organiseront pas de tour de garde, ne laisseront pas de sentinelle veiller sur eux. On effectuera une approche silencieuse. Nous avons appris, avec le temps. Comme chaque fois, juste avant l’assaut, nos anus vont se dilater, ça va couler entre les jambes. Une eau marronnasse. Pas besoin de regarder pour le savoir. Plus tard, une fois sec, le liquide va marbrer l’arrière de nos cuisses et s’imprimer jusqu’aux mollets comme un tatouage. La marque de la honte. Plus je les regarde, plus j’en suis sûr, ils vont faire l’erreur d’aller se coucher tous ensemble dans la baraque. Ils transpirent la fatigue, celle qui réclame la paix. Ou la mort. On va entrer en beuglant.
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Il faut laisser pousser la nuit. Il la faut bien noire. Enfouis sous la dune. Immobiles. Nous attendons. Pour l’instant, le soleil nous brûle. Rien à voir avec ces lueurs méridionales fluettes qu’on allait chercher, l’été, là-bas. Ici, l’astre te traque, tu es sa proie. Nous sommes sur les terres d’un Dieu de vengeance, chaque rayon est un glaive divin planté en travers de ton corps. La sueur qui coule dans les yeux se mélange au sable et à la poussière. Une boue acide fait grésiller les pupilles.
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