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Critique de Latulu


De Constantinople en 1453 à… plusieurs futurs…
Une brêve histoire de l'humanité

Liu Cixin a le génie d'inventer des solutions et de les balayer d'un revers de manche de façon très réaliste.
L'ère de la Dissuasion est déjà bien entamée à notre échelle de temps.
315 ans après la première communication de Ye Wenjie avec la civilisation trisolarienne, les relations sont maintenant tournées vers l'échange mutuel de savoirs et de tentatives de compréhension culturelle.
Le lecteur assistera ainsi aux actes les plus déconcertants : un cerveau humain envoyé en cadeau aux Trisolariens, une étoile offerte par un homme à une femme, un porte-épée fatigué, une nouvelle icône de la ferveur humaine et surtout une humanité qui a presque tout oublié des enjeux du face-à-face entre les deux civilisations.

Dans ce dernier opus, Liu Cixin continue ses explorations de la société humaine et de ses possibles.
Du conflit avec les trisoloriens, l'auteur nous présente une sorte de guerre froide où dissuadants et dissuadés s'affrontent en silence, chacun guettant chez l'autre le moindre signe d'action, l'affrontement direct ne pouvant se terminer que par la destruction des deux adversaires.
L'auteur compare l'ère de la Dissuassion avec une forme de totalitarisme : sous le joug de la science et de la technologie, les Colmateurs et le Porte-épée représentent une forme de totalitarisme extrême. Ils détiennent le pouvoir de vie ou de mort et toute l'humanité s'en remet exclusivement à eux.
L'évolution occupe également une place importante dans cette oeuvre. L'auteur fait en effet souvent référence à la parabole du poisson qui, ayant quitté l'eau pour la terre se voit totalement métamorphosé. de même, l'être humain lâché dans l'espace sans possibilité de retour se transforme également. L'auteur en profite pour, une fois de plus, dénoncer les limites de la démocratie.
Face à de nouvelles menaces, l'humanité s'adapte. Encore et encore. Et ces différentes adaptations amènent Liu Cixin a de nombreuses et profondes métaphores. Des contes font même l'apparition dans ce récit et le talent littéraire de l'auteur se révèle dans toute sa poésie. Pour garantir sa survie, l'humanité devra décrypter le sens de ces métaphores et trouver une façon de l'appliquer.
J'insiste sur le côté poétique de l'ouvrage, notamment dans le destin ultime de notre système solaire et le besoin de l'humanité de laisser des traces. Cette question est d'ailleurs traitée avec beaucoup d'intelligence et de poésie par Liu Cixin.
Bien que moins technique que ses prédécesseurs, le récit aborde également le développement des technologies par le prisme de l'humanité dans l'espace. La course technologique pour échapper à une menace invisible (quand frappera-t-elle?) amène les humains à d'importantes innovations. Ainsi, des cités spatiales très opérantes dans lesquelles des humains peuvent vivre avec biocosme adapté font leur apparition ainsi que des nouveaux moyens de propulsion pour les vaisseaux stellaires, par courbure de l'espace temps et tendre vers, voire dépasser, la vitesse de la lumière.
Chaque solution apportée est ainsi analysée dans ses avantages et ses limites.
Le point central du roman, outre sa dimension humaniste, reste l'exploration des dimensions spatiales et là je vous avoue que, pour comprendre l'incompréhensible, j'ai du piocher dans d'autres sources. Ne serait-ce que tenter de comprendre la structure physique en quatre dimensions m'a retourné le cerveau. L'auteur se penche aussi d'autres théories scientifiques complexes comme les ondes gravitationnelles, les trous noirs, le Big Bang.

En plus de 800 pages, Liu Cixin retrace une brève histoire du futur de l'humanité avec beaucoup de sensibilité et de poésie. A ce jour, les trois opus du Problème à Trois Corps demeurent l'un des meilleurs récits de science-fiction que j'ai pu lire même si la fin m'a laissée un léger goût d'amertume.
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