Choix de fables du XVIIIe siècle, tome 1

L'éducation du lion (Florian)

c'est l'expérience
Qui corrige, et non les discours.

Un jour deux chauves dans un coin
Virent briller certain morceau d'ivoire.
Chacun d'eux veut l'avoir : dispute et coups de poing.
Le vainqueur y perdit, comme vous pouvez croire,
Le peu de cheveux gris qui lui restaient encore.
Un peigne était le beau trésor
Qu'il eut pour prix de sa victoire. (109)

Le rhinocéros et le dromadaire (Florian)

Vous êtes étonné qu'il nous préfère à vous
Mais de cette faveur voici tout le mystère :
Nous savons plier les genoux.

Le hibou, le chat, l'oison et le rat (Florian)

Ainsi notre intérêt est toujours la boussole
Que suivent nos opinions.

L'enfant et le dattier (Florian)

Je ne connais de biens que ceux que l'on partage.

Les deux dindons (Arnault)

Ainsi sous l'éclat dont il brille,
Tel homme paraît sans égal,
Jusqu'au moment triste et fatal
Qui pour jamais nous déshabille.

Le Renard (Aubert)

Fuyons les pièges redoutables
Que la séduction nous tend.
L'écouter, c'est déjà cesser d'être innocent.
Si le penchant fait six coupables,
La séduction en fait cent.

Les rats (Aubert)

Qu'était-ce qu'un habit brillant
En comparaison du courage ?

L'aveugle et le paralytique (Florian)

Le bien que l'on fait à son frère
Pour le mal que l'on souffre est un soulagement.