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Critique de FeyGirl


Quel ennui !

Un titre qui claque, mais une narration poussive et un scénario truffé de défauts.

Et pas d'Empire, malgré la promesse du titre.

Au XXIIIe siècle, Duncan est un habitant de Titan, le satellite de Saturne. Son grand-père Malcom a fait fortune en exploitant l'hydrogène de l'atmosphère, car c'est un gaz nécessaire aux systèmes de propulsion de ce futur. Victime d'un accident, Malcolm ne pouvait plus avoir d'enfants en bonne santé et s'est fait cloner lors d'un séjour sur Terre pour faire naître son fils, Colin. Devenu adulte, Colin, ayant hérité des problèmes de son père, a dû aussi se faire cloner afin d'avoir Duncan, qui lui-même n'a d'autre solution que le clonage pour avoir un enfant. Et ici, le lecteur attentif tique : même si le grand-père Malcolm a eu un accident, le clone Colin avait un corps neuf sans séquelles, donc capable d'avoir un enfant sain. Oups. L'auteur reconnaît en postface avoir eu des réactions outrées de ses lecteurs face à cette grossière erreur.

Ce n'est pas fini : Duncan a un caractère légèrement différent de son père Colin et son grand-père Malcolm, mais il fait les mêmes erreurs qu'eux… à cause de la génétique qui induit des comportements identiques. Malcolm sait ce que va penser Duncan, car ils raisonnent pareillement, à cause de la génétique.

Arthur C. Clarke est peut-être un auteur reconnu de hard-science, mais il pipait que dalle en génétique !

Passons au reste.

Le premier quart du roman est une exposition de la vie sur Titan, de Duncan et de son entourage, mais il ne se passe pas grand-chose. Certes, l'auteur décrit le quotidien sur un satellite isolé, inhospitalier mais sur lequel (ou plutôt dans les profondeurs duquel) vit une communauté, en utilisant quelques connaissances scientifiques et extrapolations. Mais ça ne suffit pas à maintenir l'intérêt. Puis Duncan doit aller représenter Titan sur la Terre pour le 500e anniversaire de la Déclaration des États-Unis.

Deuxième quart : le voyage vers la Terre. Oui, un quart du roman. À part une rapide description du système de propulsion, bah, toujours pas d'intrigue en vue. Un quart de roman pour un voyage où il ne se passe rien.

Troisième quart : Duncan arrive sur Terre, s'adapte à la pesanteur, rencontre des officiels, et des personnes annexes, et le lecteur fait pffff, il ne se passe toujours rien… Et paf, Duncan se met à enquêter sur un vol de titanite (cristal rare de Titan). Enfin un début d'intrigue, même si le lecteur en comprend mal l'enjeu car ce cristal ne sert à rien. Divulgâchage : en fait, quand le lecteur aura la réponse, il comprendra que le vol de ce cristal n'était pas important. Ah bon.

Quatrième quart : il se passe quelque chose !!! Quelque chose de grave ! Ah, enfin. Divulgâchage : eh bien, ce n'était qu'un accident qui n'aura pas de conséquence.

Et la conclusion de tous ces rebondissements : un super projet du tonnerre. Oui, cher lecteur ! Magnifique pour la connaissance de l'univers ! Une avancée pour la science. Mais ça n'a aucun rapport avec tout ce qui vient de précéder. C'est ballot.

Alors, certes, Arthur C. Clarke est solide sur le plan de la hard-SF : la description de Titan et la vie de ses colons, les adaptations à la gravité, le mode de propulsion des vaisseaux naviguant dans le système solaire, et le projet exposé à la fin du roman. Il a aussi anticipé internet (il n'est pas le seul écrivain à l'avoir fait), et il a imaginé une Terre du futur réconciliée avec l'environnement (en passant très vite sur le sujet). Cependant, ces éléments forment moins de 5 % du roman, et le reste est décevant. Il n'a pas construit d'histoire ; j'ai eu l'impression qu'il avait ses inspirations hard-SF, et qu'il a essayé de les relier dans un récit. Ça ne fonctionne pas. Pire, la narration est le plus souvent plate.

Bonus : le personnage qui s'avère le plus important n'est pas Duncan, qui est creux et ne sert qu'à mettre en lumière un autre protagoniste, Karl. Ce Karl qu'on voit très peu, au demeurant. Encore un problème de construction du roman.

Bonus bis : les clones naissent par mère porteuse. Si le concept vous met mal à l'aise, l'auteur va plus loin. Les mères porteuses de la Terre du futur sont des handicapées mentales car celles-ci, c'est bien connu, ne forment pas d'attachement et se laissent prendre leur bébé en gardant le sourire. Notre « héros » Duncan assiste à une danse de mères porteuses parquées sur une île paradisiaque, elles sont heureuses de leur situation, Duncan est ému… le lecteur beaucoup moins.

Note à moi-même : se contenter des oeuvres les plus connues de l'auteur.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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