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Critique de thedoc


Une petite île, située pas très loin du pays dont elle dépend mais qui l' a oubliée, et proche d'un autre continent qu'elle ignore. Cette île qui vit des richesses que son volcan lui procure appartient à l'Archipel du Chien : belles vignes, terre riche d'oliveraies, de vergers et de câpriers. La mer est poissonneuse et donne aux pêcheurs de quoi faire vivre leurs familles. On y vit bien sur cette île où tout le monde se connaît. Mais un matin, une tâche apparaît sur ce joli tableau. La mer a rapporté des corps, des corps jeunes et noirs. Que faire de ces étrangers échoués ?

Philippe Claudel, dans « L'Archipel du Chien », renoue avec les codes et l'atmosphère du « Rapport de Brodeck »: un lieu indéfini mais que l'on pourrait facilement situé sur une carte, et des personnages archétypes désignés par leur fonction - le Maire, le Docteur, l'Instituteur, le Curé, le Commissaire - aux personnalités symboliques. Nul besoin d'autres détails pour plonger dans cette histoire qui entremêle les ingrédients d'un roman policier aux effets de style du conte. Dans ce lieu imaginaire qui est une île mais qui pourrait être l'Europe, Philippe Claudel nous parle d'une triste actualité, celle des migrants qui fuient les ravages des guerres et des famines.
En quelques pages pour le lecteur, en quelques mois sur l'île, l'auteur nous dévoile les méandres de la nature humaine ou comment des hommes ordinaires prennent des décisions au nom d'une raison que l'on entend mais qui les mène au pire. On ne les déteste pas ces hommes, ils ne sont pas nés monstres. Ils veulent juste, par peur de  «  l'étranger » - thème récurrent chez Claudel – se barricader en s'aidant de leur égoïsme et de leur indifférence. La question qui se pose alors, matérialisée par le personnage cynique du Commissaire, et qui bien évidemment n'aura pas de réponse, est de savoir à quelles lâchetés sommes-nous prêts pour préserver notre tranquillité ?

Ce roman de Claudel a gêné plus d'un lecteur qui voit en l'écrivain un moralisateur. Pour ma part, je n'ai pas eu du tout cette impression. Il ne jette la pierre sur personne. D'une part, c'est une récit de qualité, une narration maîtrisée, une intrigue réelle, qui procure un vrai bon moment de lecture. L'utilisation de la parabole est bien venue. D'autre part, n'est-ce pas aussi le rôle de la littérature de mettre nos principes à l'épreuve face à une réalité, laide mais réelle ?
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