Découvert d'abord dans son adaptation graphique par
Manu Larcenet, je me suis plongé dans le texte d'origine par
Philippe Claudel ...
...
Sans voix ...
Phénoménal, un roman d'une grande force, implacable ... la nature humaine dans ce qu'elle a de plus pervers, de plus retors, disséqué par Brodeck.
Un village perdu dans la montagne, une auberge un soir, la mort d'un homme, "l'Anderer", l'autre, arrivé quelques semaines auparavant et finalement absorbé, dévoré par le village ... tous sont coupables, et Brodeck doit écrire le Rapport de l'événement ...
Au fil de l'écriture, Brodeck va écrire une autre histoire, la sienne, celle d'un étranger au village, d'une guerre où l'occupant, le conquérant, envoie ceux qui ne lui conviennent pas dans des camps ... Brodeck y deviendra le "chien Brodeck", peut-être la condition de sa survie ...
A son retour, il découvrira peu à peu l'indicible ...
Philippe Claudel tisse avec beaucoup de talent, de façon à la fois tout en retenue et en même temps très lucide et sans concession, l'histoire de Brodeck, notre histoire, celle de l'humanité ou de l'inhumanité, de toutes les guerres, de toutes les saloperies dont l'homme est capable ...
Un livre indispensable, je crois, plus efficace que n'importe quel grand discours.
Mon énorme coup de coeur de ce début d'année de voyages en littérature(s).