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Critique de Oliv


Quiconque s'intéresse à l'antiquité romaine a entendu parler du désastre de Varus, lorsque trois légions d'Auguste furent anéanties par les barbares dans les forêts de Germanie. Cet épisode fascinant sert de base à "Furor" de Fabien Clavel. L'auteur est un latiniste distingué et a, notamment avec "Le châtiment des flèches", démontré sa maîtrise du récit historique mâtiné de fantasy. Ici c'est la science-fiction qui s'invite aux temps du Haut-Empire...

Par l'alternance de chapitres n'excédant pas quelques pages, on suit successivement quatre personnages, représentant chacun un acteur essentiel de l'armée romaine en campagne : le troufion de base, le centurion, le tribun, la prostituée. La narration, nerveuse, constituée de phrases généralement courtes, convient à merveille au récit d'une bataille qui est en réalité une gigantesque embuscade débouchant sur un massacre, au cours de laquelle le salut ne viendra que de la fuite. Moins évidente est l'insertion régulière de passages en italique privés de ponctuation, figurant le flot de pensées des différents protagonistes. le procédé peut au premier abord paraître rebutant pour le lecteur. Passé un petit temps d'adaptation, l'effet est pourtant réussi, l'audace de l'auteur paye. On est vraiment embarqué dans l'aventure, emporté à la fois par l'action (souvent d'une extrême violence, la guerre étant représentée sans fard, dans tout ce qu'elle a de moins glorieux, de plus révoltant) et par les personnages eux-mêmes, dont les angoisses, les souvenirs, les questionnements face à l'inconnu et l'indicible, sont ainsi livrés de manière brute, sans aucun filtre.

Après lecture, on pourra s'interroger sur le type de public visé par l'auteur. L'ouvrage est paru dans une collection de science-fiction mais le récit est largement dominé par l'élément historique. Les amateurs d'histoire antique et militaire seront comblés par la première partie, irréprochable reconstitution d'une bataille s'étant déroulée il y a deux mille ans ; en revanche ils risquent dans le dernier tiers de patauger comme un légionnaire pris dans les marécages germains... À l'inverse, les lecteurs de science-fiction purs et durs trouveront le temps long en attendant que les armées du premier siècle cèdent le pas à quelque chose de plus familier pour eux ; et même là, ils seront peut-être déçus par le manque d'explications rationnelles, les protagonistes romains ne pouvant comprendre une technologie futuriste qu'à travers le prisme d'une intervention divine.

"Furor" n'est sans doute pas un chef-d'oeuvre de la fiction historique, ni un incontournable de la science-fiction. Mais pour qui est capable d'en apprécier les qualités il s'agit assurément d'un très bon roman, ce qui n'est déjà pas si mal.
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