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Critique de Lamifranz


Troisième volume des « Colonnes du Ciel » (après « La Saison des loups » et « La lumière du lac », et avant « Marie-Bon-Pain » et « Compagnons d'un nouveau monde »), cet épisode central est focalisé sur le personnage de Hortense d'Eternoz. Un portrait de femme fort et puissant qui au fur et à mesure de ses confrontations avec les horreurs de la guerre la fait évoluer, endurcir, et devenir une véritable « femme de guerre ».
A la fin du tome précédent, le contrebandier Barberat apprenait à Bisontin et Hortense, que le docteur Blondel, cet ange de bonté, ce fou merveilleux, « avait reçu son compte » en secourant, une fois de plus, des enfants emportés dans le tourbillon de la guerre. Hortense qui se sent « inutile, ici », (et pourtant elle en fait plus que quiconque pour aider les autres) décide de quitter le pays de Vaud, ce havre de paix, pour retourner en Franche-Comté, où l'homme qu'elle aime est peut-être en train d'agoniser. En compagnie de Barberat, elle s'engage dans une nouvelle aventure au coeur du tragique, du douloureux.
Bernard Clavel ne néglige aucun détail pour nous faire toucher du doigt la réalité de la guerre, dans ses horreurs, ses tortures, ses misères sans nom qui touchent tous les éléments de la Création : minéraux, végétaux, animaux et humains. Hortense, d'épreuve en épreuve, va s'endurcir, mais sa foi reste intacte, et son amour des enfants n'a pas diminué. La guerre est un cercle infernal, et elle, douce et frêle, va se transformer en chef d'armée, en « femme de guerre », elle va s'habituer à tuer, à aimer (ou en tout cas apprivoiser) le goût du sang. Mais il y a toujours une voix en elle qui lui dit : « est-ce bien ce que le docteur Blondel aurait voulu ? » ou de façon encore plus précise : « est-ce bien ce que toi, tu veux ? »
Les héros de Clavel sont à l'image de leur auteur : ils sont positifs : de tous les malheurs qui leur tombent dessus (et il y en a de toutes sortes), ils tirent quelque chose de bénéfique qui leur permet d'aller de l'avant. Ce sont des êtres généreux qui n'hésitent pas à se mettre eux-mêmes en danger pour porter secours à plus pauvre, plus mal loti, plus déshérité.
Personnages attachants dans une histoire extrêmement prenante par la puissance émotionnelle qu'engendre le malheur : Bernard Clavel n'en fait pas mystère, il est foncièrement, irrésistiblement pacifiste ; s'il nous décrit la guerre dans toute ses atrocités, c'est pour nous en démontrer l'injustice, l'absurde, l'absolue inanité, pour nous prouver que la guerre c'est la négation de la vie, pour nous engager au « plus jamais ça ». Voeu pieux, bien sûr, la nature humaine étant de loin supérieure à toutes les espèces animales en matière de cruauté, de cynisme, de méchanceté et de malveillance voulue et assumée.
Clavel ne se fait donc pas d'illusion, mais par la voix de ses héros, - ici de son héroïne -, il délivre un vibrant message d'espoir pour l'avenir : si le ciel ne peut pas être bleu, faisons en sorte qu'il soit moins gris. L'amour, l'amitié, la tolérance, la compassion, voilà des choses qui pourraient nous aider à y parvenir…

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