Les colonnes du ciel, tome 3 : La femme de guerre

On dit qu'il n'y a plus d'esclaves, même plus de mainmortables, mais il y a ceux de son espèce. Les esclaves d'une passion...

Tout le monde s'accordait à dire que le vent était en train de tourner. Probablement, l'hiver aidant, les gens du cardinal allaient se retirer. Mais il resterait la faim et les maladies, il resterait sans doute bon nombre d'orphelins et d'enfants abandonnés.

— Dans le bois, les bêtes ont pas mangé gros. Faudra s’arrêter sur le plateau. Sinon, elles nous mèneront pas au bout.
— Je sais, ça n’est pas la première fois de ma vie que je vois un cheval.
— Je pense bien, fit-il en riant. Mais ceux qui montent sur les bêtes et ceux qui leur donnent à manger, c’est pas toujours les mêmes gens.

Cependant, sur leur droite, un soleil de sang venait d’ouvrir une longue plaie entre terre et nuée. Les lointains écrasaient la plaine d’un violet lourd. L’eau qui courait sur les cailloux pulvérisait la lumière qu’elle mêlait par endroits à ces reflets de nuit.

Tout le monde s'accordait à dire que le vent était en train de tourner. Probablement, l'hiver aidant, les gens du cardinal allaient se retirer. Mais il resterait la faim et les maladies, il resterait sans doute bon nombre d'orphelins et d'enfants abandonnés.

La nuit descend
on y pressent
un long un long destin de sang
Guillaume Apollinaire