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Critique de Tachan


Quand j'ai entendu parler d'un projet d'écriture à 12 mains autour d'une histoire visant à apporter un peu de romance et de douceur dans toute cette littérature jeunesse ne montrant le peuple afro-américain que dans des situations dures de dénonciations et conquête de droit, j'ai de suite été curieuse d'en voir le résultat. le bilan, ce fut une lecture que j'ai dévoré le sourire aux lèvres en une petite après-midi !

Le constat de la directrice de ce projet est assez juste. On a tendance à n'utiliser des personnages noirs et la culture noire que dans des récits d'oppression et de quête de liberté mais rarement pour des romances et des tranches de vie un peu plus légère faisant du bien au coeur. C'est donc une bien belle idée qu'elle a eu au moment du Covid de convier des amies, écrivaines comme elle pour la jeunesse, dans ce projet.

Je crois que c'est la première fois que je lis une histoire écrite par autant de femmes en même temps. J'avais peur du résultat mais celui-ci fut vraiment savoureux. Me rappelant un peu certaines histoires à plusieurs voix que j'ai adoré lire ou voir, on y suit les romances entremêlées de plusieurs adolescents ou jeunes adultes noirs se trouvant à New York au moment d'un blackout généralisé de la ville. C'est alors le moment propice pour les sentiments de s'échapper pour les aider à voler de leurs propres ailes.

J'ai beaucoup aimé la façon dont les autrices ont su marier leurs histoires dans ce contexte si particulier. L'idée d'avoir une romance principale qui se découpe en plusieurs chapitres, eux-mêmes intercalés d'autres romances avec parfois des amis ou des amis d'amis, est très bonne. Cela rend le récit dynamique et addictif. On a aussi l'impression de s'immiscer dans la vie d'un quartier où chacun se connaît et se croise, un peu comme je l'avais ressenti dans la série coréenne Soulmate ou le film Coup de foudre à Notting Hill, et c'est vraiment charmant.

J'ai surtout adoré la diversité des histoires et des personnages et la grande ouverture des autrices à des romances hétérosexuelles classiques, mais également homosexuelles ou bisexuelles, entre adolescents, jeunes adultes ou personnes plus âgées. Cela m'a fait un bien fou. J'ai aimé suivre des personnages qui étaient autrefois ensemble et se débattent avec leurs sentiments actuels, d'autres qui ont toujours eu un crush et osent enfin l'avouer, des amis de toujours qui réalisent leurs sentiments, un couple installé en crise qui réalise ce qui ne va pas, etc. C'est très divers et toujours crédible et touchant, avec un discours moderne et pertinent sur le consentement, le besoin de dialoguer avec l'autre mais également de s'écouter soi et de prendre soin de soi tout comme des autres.

On n'a vraiment pas le sentiment que les histoires ont été écrites par des autrices différentes car, à de rares exceptions, elles se marient à merveille. Il y a eu je pense un gros travail éditorial pour lisser tout ça. le fait de les suivre toutes dans un cadre un peu exceptionnel où chacun gravite et où retrouve chacun comme si une caméra volait au-dessus de la ville et choisissait de temps en temps vers qui se tourner et zoomer, est un choix fort judicieux. Cela permet ainsi, si on n'est pas fan d'une histoire, de vite passer à la suivante. Heureusement, pour ma part, j'en ai aimé la plupart. Seule peut-être celle de Nella n'a pas fonctionné pour moi.

Mais j'ai aimé ce portrait de la ville de New York, de ses lieux, de ses habitants et de ses touristes qui est fait. C'était sympathique de traverser les rues du centre vers Brooklyn, le temps de ce black-out pour se rendre à une certaine fête, cela a permis de croiser pas mal de lieux emblématiques : rues, parc, bibliothèque, métro, pont, etc. On a bien voyagé. Et ce petit air de road-trip légèrement post-apocalyptique comme on a pu en voir dans les films catastrophes que les Américains chérissent temps était assez amusant. On sent que les autrices se sont bien amusées à marier leurs histoires dans ces différents lieux avec ces personnages qui ont toujours un lien plus ou moins proche entre eux. J'adore ce sentiment de proximité et de jeu de piste que ça a donné à ma lecture.

Ainsi, même si les romances étaient sur le fond assez classiques et déjà vues et revues pour la plupart, elles ont tout de même su fortement me distraire. J'ai adoré celle de Tammi, celle qu'on suit le plus, qui fait éclater le malentendu qu'il y a eu entre elle et son amour de toujours. J'ai été touchée par celle de JJ qui ose faire en partie son coming-out et sauver celui qui lui plaît depuis toujours. C'était touchant de voir Nella réaliser qui elle était et qui elle aimait. Je me suis reconnue dans Lana, cette fille maladroite qui aime son ami d'enfance mais a tant de mal avec les relations humaines et l'expression de ses sentiments. J'ai trouvé fort moderne l'histoire de Kayla et de Tre, ceux qu'on voit casés à vie, mais qui finit par une envie de s'occuper d'abord de soi. Enfin, l'histoire de Grace et Seymour propose une narration différente des autres qui boucle la boucle. Chacun de ces personnages a un petit quelque chose qui le rend unique et on sent chez les autrices un attachement particulier à ceux qui sont différents de part leur sexualité ou leur mal être ou malaise social. Je valide à 100%.

Blackout porte doublement bien son titre. C'est à la fois l'histoire d'une vaste panne de courant qui va mettre en lumière bien des sentiments mais également celle de personnages noirs à qui on ose proposer autre chose que des rôles dramatiques, ce qui fait un bien fou. Oui, les histoires romantiques sortent peu des sentiers battus mais leur mise en scène charmante fut pétillante à suivre dans une New York très vivante et avec des personnages auxquels on s'attache facilement. Je valide totalement l'expérience !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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