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Critique de glennherbertgould


Glenn Gould, icône absolue du piano.
Et pourtant, sa réputation déjà fabuleuse de l'époque ne l'empêcha pas en 1964 d'arrêter définitivement les concerts, alors âgé de 32 ans. Il préférait à ces salles austères et froides la chaleur d'un studio. Cette intimité unique, ce cocon protecteur héritage d'une enfance surprotégée auprès de ses parents. Gaëtan Picon disait à propos de Victor Hugo : « Il est le plus célèbre et le plus ignoré de nos écrivains. Sur son visage la gloire est un masque. ». Eh bien je crois que cette phrase pourrait parfaitement s'appliquer à Gould.

Glenn Gould, c'est un monde à part. Il faut s'en imprégner. Écouter sa musique est de l'ordre du recueillement. Chaque pièce est une prière, si pure et si lumineuse. Une communion bien particulière pour l'auditeur néophyte qui peut sembler quelque peu déboussolé de prime abord.
La forêt canadienne, lieu de sa retraite spirituelle, où les champs du possible s'ouvrent et où il sert cette musique si singulière.
On pourrait facilement parler pendant des heures de sa fougue incroyable, de ce jeu inédit (car il l'est vraiment), de cette virtuosité innée…


Concernant le livre, c'est avant tout un très bel hommage. Bien que biographique, il contient aussi et surtout une approche analytique voire philosophique (cf préface). L'analyse qu'il nous délivre ici est formidablement bien détaillé sans pour autant tomber dans le rébarbatif.
L'auteur utilise un vocabulaire particulièrement précis ce qui rend l'étude d'autant plus pertinente et agréable à lire.
Il épluche les différents aspects de cette personnalité complexe pour en arriver au coeur, à son essence même et ainsi connaître les convictions qu'étaient les siennes et les raisons qui le poussaient à se reclure avec son plus fidèle compagnon, la solitude.
Il avait une relation forte avec la musique, immuable ; comparable à une relation amoureuse (G.G. s'en fait d'ailleurs la remarque, non sans humour). Mais le piano n'était qu'un moyen pour parvenir à ses fins. La conception bien personnelle de son art le pousse à être intransigeant avec lui-même. Pour parvenir à son idéal, il lui faut une dévotion totale et il se trouve que le piano était en capacité de transmettre toute cette sensibilité faisant de l'instrument son alter ego.

Ce livre m'a permis de redécouvrir Glenn Gould, me replonger une fois encore dans ce monde et saisir certaines facettes inédites de son être. Mais surtout, cela m'a permis de me pencher sur des interprétations qui échappent généralement au grand public ou simplement qui n'avaient pas attiré mon attention auparavant (Je pense ici notamment à la Sonate No.31 de Beethoven, assez bouleversante).

Jean-Yves Clément n'hésite pas à montrer du doigt certains aspects négatifs de sa personnalité (sans réelle critique toutefois).
Ce livre convient aussi bien à des adorateurs de G. Gould qu'à des novices avertis.



Voici l'adresse de la Sonate No.31 (1963) pour les curieux : https://www.youtube.com/watch?v=M1yVFZrp9dc
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